Vois-tu l’ombre s’étendre au seuil de la maison ?
L’automne a roussi l’or de la vaste saison,
Et le jour qui décline, aux lueurs de pourpre,
Éclaire nos destins d’une grâce immuable.
Tes cheveux ont pris la blancheur de l’hiver,
Mais ton regard conserve un éclat noble et fier ;
Le temps, ce sculpteur lent, a marqué ton visage,
Pour mieux y révéler la beauté de ton âge.
Nous ne sommes plus l’aube et ses feux éclatants,
Ni la brève fureur des orages battants ;
Nous sommes le vieux chêne aux racines profondes,
Qui brave sans plier les colères du monde.
Dans l’âtre du foyer, le bois chante et gémit,
Comme chante en nos cœurs cet amour infini ;
Main dans la main, assis, défiant le trépas,
C’est l’âme seule, enfin, qui ne vieillit pas.

