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à M. le Duc de Sulli
Dans le poème ‘À M. le Duc de Sulli’, Voltaire nous invite à une réflexion profonde sur la vie et l’amitié. Écrits dans un contexte où la quête de vérité et de beauté étaient essentielles, ces vers révèlent la capacité de l’auteur à mêler légèreté et profondeur. Ce poème reste un chef-d’œuvre intemporel, captivant les lecteurs par son rythme enjoué et sa lucidité.
J’irai chez vous, duc adorable, Vous dont le goût, la vérité, L’esprit, la candeur, la bonté, Et la douceur inaltérable, Font respecter la volupté, Et rendent la sagesse aimable. Que dans ce champêtre séjour Je me fais un plaisir extrême De parler sur la fin du jour De vers, de musique, et d’amour ; Et pas un seul mot du système, De ce système tant vanté, Par qui nos héros de finance Emboursent l’argent de la France, Et le tout par pure bonté ! Pareils à la vieille sibylle Dont il est parlé dans Virgile, Qui, possédant pour tout trésor Des recettes d’énergumène, Prend du Troyen le rameau d’or, Et lui rend des feuilles de chêne. Peut-être les larmes aux yeux Je vous apprendrai pour nouvelle, Le trépas de ce vieux goutteux Qu’anima l’esprit de Chapelle : L’éternel abbé de Chaulieu Paraîtra bientôt devant Dieu ; Et, si d’une muse féconde Les vers aimables et polis Sauvent une âme en l’autre monde Il ira droit en paradis. L’autre jour à son agonie Son curé vint de grand matin Lui donner en cérémonie, Avec son huile et son latin, Un passe-port pour l’autre vie. Il vit tous ses péchés lavés D’un petit mot de pénitence, Et reçut ce que vous savez Avec beaucoup de bienséance. Il fit même un très beau sermon Qui satisfit tout l’auditoire ; Tout haut il demanda pardon D’avoir eu trop de vaine gloire ; C’était-là, dit-il, le péché Dont il fut le plus entiché : Car on sait qu’il était poète, Et que sur ce point tout auteur, Ainsi que tout prédicateur, N’a jamais eu l’âme bien nette. Il sera pourtant regretté Comme s’il eût été modeste : Sa perte au Parnasse est funeste. Presque seul il était resté D’un siècle plein de politesse : On dit qu’aujourd’hui la jeunesse A fait à la délicatesse Succéder la grossièreté, La débauche à la volupté, Et la vaine et lâche paresse A cette sage oisiveté Que l’étude occupait sans cesse, Loin de l’envieux irrité. Pour notre petit Genonville, Si digne du siècle passé Et des faiseurs de Vaudeville, Il me paraît très empressé D’abandonner pour vous la ville : Le système n’a point gâté Son esprit aimable et facile ; Il a toujours le même style Et toujours la même gaîté. Je sais que par déloyauté Le fripon naguère a tâté De la maîtresse tant jolie Dont j’étais si fort entêté. Il rit de cette perfidie, Et j’aurais pu m’en courroucer Mais je sais qu’il faut se passer Des bagatelles dans la vie. Extrait de: Recueil : Épîtres, stances et odes
Ce poème de Voltaire nous rappelle la valeur de l’amitié et de la contemplation. En explorant davantage ses œuvres, vous découvrirez un univers littéraire riche et inspirant. Partagez vos pensées sur ce poème et laissez-vous porter par la sagesse de cet immense auteur.