Dans mes scandaleux opuscules.
J’ai chanté
Rosire et
Clairon ;
Alors j’avais peu de scrupules.
J’ai frondé sur un autre ton
Le philosophique jargon,
Et nos amours-propres crédules,
Et tous nos charmants ridicules,
Dans ce siècle de la raison.
J’ai même, au gré de ma folie.
D’encens présenté quelques grains À d’assez profanes lutins.
Connaissant l’emploi de la vie,
Et presque bonne compagnie, À force de goûts libertins !
J’ai narré leurs historiettes :
Dans les annales des boudoirs
J’ai consigné leurs amourettes.
J’ai conté dans des vers bien noirs
Les jolis tours de nos coquettes ;
J’ai peint plus d’un illustre sot.
Tout fier du succès des toilettes ;
Mais le vilain nom de
Margot
Ne fut jamais sur mes tablettes.
Sans doute, aux immenses atours
De quelque altesse douairière.
Ainsi que
Bernard, on préfère
L’étroit corset, les jupons courts
D’une agile et simple bergère,
Croissant sous l’aile des amours.
N’ayant pour dot que l’art de plaire,
Et la fraîcheur de ses beaux jours :
Mais de
Margot que peut-on faire ?
Par qui ce nom fut-il cité.
Et dans quel bosquet de
Cythère
Sera-t-il jamais répété ?
Loin de moi les goûts qu’il faut taire.
Je veux pouvoir avec fierté
Avouer celle qui m’est chère,
L’offrir en déesse à la terre ;
Dresser un trône à sa beauté.
Et semer de fleurs la fougère
Où lui sourit la volupté.
Mais, dis-tu,
Margot est divine ;
L’amour même arrangea ses traits ;
Eh ! nomme-la
Flore ou
Corinne,
Puis nous croirons à tes portraits.
Quoi qu’il en soit, bel anonyme,
Ta rotutière déité,
Malgré tes chants et ton estime,
Flatte fort peu ma vanité.
Jouis en paix de ta victoire ;
Heureux amant, garde ton lot :
De grand cœur, je te rends ta gloire.
Tes vers, ta muse, et ta
Margot.