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À Georges Izambard

Dans son poème ‘À Georges Izambard’, Arthur Rimbaud partage une correspondance intime, révélant ses sentiments de nostalgie et d’exil. Écrit en 1870, ce poème souligne la lutte d’un jeune poète face à l’absence de stimulation intellectuelle dans sa ville natale, Charleville. La richesse de son langage et les émotions décrites font de ce texte une œuvre incontournable de la poésie française qui résonne encore aujourd’hui.
Charleville, 25 aoû£t 1870.
Monsieur,
Vous ûˆtes heureux, vous, de ne plus habiter Charleville j 〔 Ma ville natale est supûˋrieurement idiote entre les petites villes de province. Sur cela, voyez-vous, je n’ai plus
d’illusions. Parce qu’elle est û  cûÇtûˋ de Mûˋziû´res, 〔 une ville qu’on ne trouve pas, 〔 parce qu’elle voit pûˋrûˋgriner dans ses rues deux ou trois
cents de pioupious, cette benoûÛte population gesticule, prudhommesquement spadassine, bien autrement que les assiûˋgûˋs de Metz et de Strasbourg ! C’est effrayant, les
ûˋpiciers retraitûˋs qui revûˆtent l’uniforme ! C’est ûˋpatant, comme ûÏa a du chien, les notaires, les vitriers, les percepteurs, les menuisiers, et tous les ventres, qui,
chassepot au cé“ur, font du patrouillotisme aux portes de Mûˋziû´res ; ma patrie se lû´ve !… Moi, j’aime mieux la voir assise ; ne remuez pas les bottes ! c’est mon
principe.
Je suis dûˋpaysûˋ, malade, furieux, bûˆte, renversûˋ ; j’espûˋrais des bains de soleil, des promenades infinies, du repos, des voyages, des aventures, des bohcmienne-ries
enfin ; j’espûˋrais surtout des journaux, des livres… Rien ! Rien ! Le courrier n’envoie plus rien aux libraires ; Paris se moque de nous joliment : pas un seul livre nouveau ! c’est la
mort ! Me voilû  rûˋduit, en fait de journaux, û  l’honorable Courrier des Ardennes, 〔 propriûˋtaire, gûˋrant, directeur, rûˋdacteur en chef et rûˋdacteur
unique : A. Pouillard ! Ce journal rûˋsume les aspirations, les vé“ux et les opinions de la population : ainsi jugez ! c’est du propre !… On est exilûˋ dans sa patrie !!!
Heureusement, j’ai votre chambre : 〔 Vous vous rappelez la permission que vous m’avez donnûˋe. 〔 J’ai emportûˋ la moitiûˋ de vos livres ! J’ai pris le Diable û
Paris. Dites-moi un peu s’il y a jamais eu quelque chose de plus idiot que les dessins de Grandville ? 〔 J’ai Costal l’Indien, j’ai la Robe de Nessus, deux romans intûˋressants. Puis,
que vous dire ?… J’ai lu tous vos livres, tous ; il y a trois jours, je suis descendu aux Epreuves, puis aux Glaneuses, 〔 oui ! j’ai relu ce volume ! 〔 puis ce fut tout !… Plus
rien ; votre bibliothû´que, ma derniû´re planche de salut, ûˋtait ûˋpuisûˋe !… Le Don Quichotte m’apparut ; hier, j’ai passûˋ, deux heures durant, la revue des bois de
Dorûˋ : maintenant, je n’ai plus rien !
Je vous envoie des vers ; lisez cela un matin, au soleil, comme je les ai faits : vous n’ûˆtes plus professeur, maintenant, j’espû´re !…
l’air de vouloir connaûÛtre Louisa Siefert, quand je vous ai prûˆtûˋ ses derniers vers ; je viens de me procurer des parties de son premier volume de poûˋsies, les Rayons
perdus, 4* ûˋdition. J’ai lû  une piû´ce trû´s ûˋmue et fort belle, Marguerite ;
Moi, j’ûˋtais û  l’ûˋcart, tenant sur mes genoux
Ma petite cousine aux grands yeux bleus si doux :
C’est une ravissante enfant que Marguerite
Avec ses cheveux blonds, sa bouche si petite
Et son teint transparent…
Marguerite est trop jeune. Oh ! si c’ûˋtait ma fille,
Si j’avais une enfant, tûˆte blonde et gentille,
Fragile crûˋature en qui je revivrais,
Rose et candide avec de grands yeux indiscrets !
Des larmes sourdent presque au bord de ma paupiû´re
Quand je pense û  l’enfant qui me rendrait sifiû´re,
Et que je n’aurai pas, que je n’aurai jamais;
Car l’avenir, cruel en celui que j’aimais,
De cette enfant aussi veut que je dûˋsespû´re…
Jamais on ne dira de moi : c’est une mû´re !
Et jamais un enfant ne me dira : maman !
C’en est fini pour moi du cûˋleste roman
Que toute jeune fille û  mon ûÂge imagine…
Ma vie, û  dix-huit ans, compte tout un passûˋ.
〔 C’est aussi beau que les plaintes d’Antigone avu|upT), dans Sophocle.
J’ai les Fûˆtes galantes de Paul Verlaine, un joli in-12 ûˋcu. C’est fort bizarre, trû´s drûÇle ; mais vraiment, c’est adorable. Parfois de fortes licences : ainsi,
Et la tigresse ûˋpou 〔 vantable d’Hyrcanie
est un vers de ce volume. Achetez, je vous le conseille, la Bonne Chanson, un petit volume de vers du mûˆme poû´te : ûÏa vient de paraûÛtre chez Lemerre ; je ne l’ai pas lu :
rien n’arrive ici ; mais plusieurs journaux en disent beaucoup de bien.
Au revoir, envoyez-moi une lettre de 25 pages 〔 poste restante 〔 et bien vite !
A. RIMBAUD
P.S. û€ bientûÇt, des rûˋvûˋlations sur la vie que je vais mener aprû´s… les vacances…
Monsieur Georges Izambard, 29, rue de l’Abbaye-des-Prûˋs, Douai (Nord). Trû´s pressûˋ.
En explorant ‘À Georges Izambard’, le lecteur est invité à réfléchir sur la nature de l’exil, tant physique qu’émotionnel. Ce poème témoigne de la profondeur des sentiments de Rimbaud et incite à découvrir davantage de ses œuvres fascinantes.

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