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À L’Orée

Le poème ‘À L’Orée’ d’Alain Jouffroy explore les complexités de l’existence humaine à travers le prisme de la nature. Écrit au 20ᵉ siècle, ce poème captivant invite le lecteur à s’interroger sur sa place dans le monde, alors que des images puissantes de la mer et du paysage se mêlent aux réflexions intérieures. Cette œuvre reste significative pour ceux qui cherchent à comprendre les luttes émotionnelles qui accompagnent la vie.
À genoux dans le gel
perclus
malgré les hasards sur la plage
je masse l’étendue de la mer
caresse à la clé
panoplie ou poussière de viandes
quelle nacre te déterre ?
le bordel suinte par tous les nœuds
2
tendrement menacé
mais la guerre infectant tes gencives
ton genou à vif comme une goutte
calmé mais centuplé par les fontaines
ça grimpe ta moelle et s’accroche à tes glandes
caillé quartz
ça clame dans ton engrenoir
écueils en coups de poing sur la glotte
ça gratte ton poison ça darde et ça crêpe
même le venin te harnache
et toute la racaille printanière vient te renifler dans les coins
3
là où le pire n’a plus de prise
défenestré par la poigne macabre
ça culbute et ça plonge aux racines de la colère
là où ça boit le flanc de ton univers
il suffoque,
le
Nul !
étrier vidé de sa proie
il a beau secouer le cornac et la crème
le
Corse abatteur de charmes
la brute à fleur de voie lactée te corsète de sourires
Tape sa mort contre terre !
tape son tempérament !
tape son entêtement contre tous les néants !
— le blasphème te pardonnera
4
l’ancre jetée en nasse violette c’est au tour du soleil de clamser le bord-à-bord du vertige lui échoit
pourvu que ça bouscule le courage
c’est le signal
pourvu que les maisons se dissolvent dans le ça
c’est le chemin
avance, avance, avance
les horizons se rabibochent avec la cendre
tout le paysage est flasque
et tu t’étales dans un grand murmure de veau écrasé
5
« on ne sait jamais » dit l’ombre quatre
les serrures sont bloquées
les drapeaux ont foutu le camp
ne reste que le sel sur la langue et ces familles affreuses
ne reste que l’écorce écorchée la glèbe
la mélancolie banlieusarde des papiers glissés sous la porte
mais non
je me trompe — loup-de-mer —
les montagnes de joie sont là
DEBOUT
COMME
DES
MARCHANDES
DE
POISSON
6
jamais je n’ai su compter jusqu’à l’océan
Pacifique
pourtant
quelle vie de boules nous menions sur le tapis vert
la nuit naît de cette nappe de nerfs
la lune est un crochet du gauche
et quand je me voile sous le linceul du silence
quelque chose en moi réclame la qualité
je ne sais cette chanson éraillée pour les vieux
ma jeunesse se targue
et quand je me promène sur la scène
le théâtre se coquillage et le souffleur se perle
7
puissante est la passion
puissante la déraison
puissante la force d’attraction
puissante la terre sans frontières
— puissante la calme femme sans chapeau
ivre d’aller de l’homme à la liberté
mais pour contrecarrer l’action coercitive
la puissance des lampes de la poitrine
tout ce que le cœur a de lames et de marées
les coups de barre dans le noir
l’ample désespoir sous sa couverture de palmes
le psaume, même
ne suffisent jamais
ce qu’il faut
c’est une bille dans ton numéro 77
basta !
8
Toi qui ne recules devant rien coup d’archet du tigre monument échevelé du charme fusais
tu sais que cette tragédie infime
chaque jour
se répercute à gogo dans tous les miroirs de poche
et que ‘essentiel
c’est de jeter la quatrième arche
par-dessus les cris
par-dessus (?) par-dessous (?)
partout (?)
là où il y a du bruit des à-peu-près et du crime
ici.
À travers ‘À L’Orée’, Alain Jouffroy nous appelle à réfléchir sur notre rapport à la nature et aux défis de l’existence. N’hésitez pas à explorer d’autres œuvres de cet auteur fascinant et à partager vos pensées sur ce poème poignant.

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