(Contes d’une grand’mère à ses petits-enfants.)
Pourquoi restaurer les histoires vermoulues et poudreuses du moyen-âge, lorsque la chevalerie s’en est allée pour toujours, accompagnée des concerts de ses ménestrels, des
enchantements de ses fées, et de la gloire de ses preux ?
Qu’importent à ce siècle incrédule nos merveilleuses légendes, saint Georges rompant une lance contre Charles VII au tournoi de Luçon, le Paraclet descendant, à la
vue de tous, sur le concile de Trente assemblé, et le Juif errant abordant près de la cité de Langres, l’évêque Gotzelin, pour lui raconter la Passion de Notre-Seigneur
?
Les trois sciences du chevalier sont aujourd’hui méprisées. Nul n’est plus curieux d’apprendre quel âge a le gerfaut qu’on chaperonne, de quelles pièces le bâtard
écartèle son écu, et à quelle heure de la nuit Mars entre en conjonction avec Vénus.
Toute tradition de guerre et d’amour s’oublie, et mes fables n’auraient pas même le sort de la complainte de Geneviève de Brabant, dont le colporteur d’images ne sait plus le
commencement, et n’a jamais su la fin !