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Adagio

Le poème ‘Adagio’ de François Coppée évoque une promenade nostalgique où la musique devient le fil conducteur des souvenirs. Écrit à la fin du 19ᵉ siècle, il explore des thèmes universels tels que la mélancolie, l’amour et le passage du temps. À travers ses vers, le lecteur est invité à ressentir la douceur d’un moment éphémère, résonnant avec les douleurs d’un cœur solitaire.
La rue était déserte et donnait sur les champs.
Quand j’allais voir l’été les beaux soleils couchants
Avec le rêve aimé qui partout m’accompagne,
Je la suivais toujours pour gagner la campagne,
Et j’avais remarqué que, dans une maison
Qui fait l’angle et qui tient, ainsi qu’une prison,
Fermée au vent du soir son étroite persienne,
Toujours à la même heure, une musicienne
Mystérieuse, et qui sans doute habitait là,
Jouait l’adagio de la sonate en la.
Le ciel se nuançait de vert tendre et de rose.
La rue était déserte ; et le flâneur morose
Et triste, comme sont souvent les amoureux,
Qui passait, l’oeil fixé sur les gazons poudreux,
Toujours à la même heure, avait pris l’habitude
D’entendre ce vieil air dans cette solitude.
Le piano chantait sourd, doux, attendrissant,
Rempli du souvenir douloureux de l’absent
Et reprochant tout bas les anciennes extases.
Et moi, je devinais des fleurs dans de grands vases,
Des parfums, un profond et funèbre miroir,
Un portrait d’homme à l’oeil fier, magnétique et noir,
Des plis majestueux dans les tentures sombres,
Une lampe d’argent, discrète, sous les ombres,
Le vieux clavier s’offrant dans sa froide pâleur,
Et, dans cette atmosphère émue, une douleur
Épanouie au charme ineffable et physique
Du silence, de la fraîcheur, de la musique.
Le piano chantait toujours plus bas, plus bas.
Puis, un certain soir d’août, je ne l’entendis pas.
Depuis, je mène ailleurs mes promenades lentes.
Moi qui hais et qui fuis les foules turbulentes,
Je regrette parfois ce vieux coin négligé.
Mais la vieille ruelle a, dit-on, bien changé :
Les enfants d’alentour y vont jouer aux billes,
Et d’autres pianos l’emplissent de quadrilles.
À travers la lecture d’ ‘Adagio’, laissez-vous transporter par les mélodies du passé. N’hésitez pas à partager vos réflexions sur ce poème ou à explorer d’autres œuvres de François Coppée qui capturent la beauté et la tristesse de l’existence.

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