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Aimer Paris
Dans ‘Aimer Paris’, Théodore de Banville capture l’essence vivante et complexe de la capitale française. Écrit à une époque où la ville connaît d’importantes transformations, ce poème rappelle l’importance des détails quotidiens et des vies humaines qui animent Paris. À travers des images saisissantes et une profonde appréciation pour la beauté du banal, Banville invite les lecteurs à apprécier chaque facette de cette ville emblématique.
Artiste, dûˋsormais tu veux peindre la Vie Moderne, frûˋmissante, avide, inassouvie, Belle de douleur calme et de sûˋvûˋritûˋ; Car ton esprit sincû´re a soif de vûˋritûˋ. Vois, comme une forûˆt dãarbres, la ville immense Murmure sous lãorage et le vent en dûˋmence; Ses entassements noirs de toits et de maisons Ont le charme effrayant des larges frondaisons. Aime ses bruits, ses voix, ses rires, son tumulte, Ses monuments quãen vain le Temps railleur insulte, Ses marchûˋs, ses jardins; aime ses pauvres cieux Toujours mornes, dãun gris terne et dûˋlicieux. Surtout, nãimite pas Hamlet; sans ûˋpigramme Et dãun céur chaleureux, aime lãHomme et la Femme. La Femme surtout! Suis de lãéil ces bataillons De gamines qui vont, blanches sous les haillons, Et qui, montrant leurs dents, croquent de jaunes pommes De terre frites, sous lãéil allumûˋ des hommes! Peins la svelte maigreur aux mûˋplats sûˋduisants Et la gracilitûˋ des filles de seize ans; Va, ne dûˋdaigne rien, ni la bourgeoise obû´se Ni la duchesse au front dãor que le zûˋphyr baise, Ni la pierreuse, proie offerte au noir filou, Qui peigne ses cheveux lourds avec un vieux clou, Ni la bonne admirant, parmi la transparence Des bassins, le reflet dãun pantalon garance, Ni la vieille qui, pour implorer un secours, Se coiffe dãun madras et chante dans les cours, Ni ces filles de joie aux tragiques allures Offrant au vent furtif leurs roses chevelures, Et poursuivant, les soirs, leur patient calcul Devant les Nouveautûˋs et le cafûˋ Mûˋhul, Catins dont les satins, sans jamais faire halte, Comme des serpents noirs se traûÛnent sur lãasphalte! Regarde lãHomme aussi! Peins tous les noirs troupeaux Des hommes, sûˋnateurs on bien marchands de peaux De lapins; droit, bossu, formidable ou bancroche, Vois lãHomme, vois-le bien, de dãArthez û Gavroche! Lãhomme actuel, sublime û la fois et mesquin, Est vûˆtu dãun complet, comme un Amûˋricain; Mais tel quãil est, ce pitre, ûˋpris de Navarette, Qui dans ses doigts pûÂlis roule une cigarette, Lit dans les astres noirs dãun éil terrible et sû£r, Voleur divin, saisit Isis en plein azur, Pose un baiser brutal sur ses yeux pleins dãûˋtoiles, Dãun ongle furieux dûˋchire tous ses voiles, Comme un fer rouge met la lû´vre sur son col Et la contemple, et pûÂle encor de son viol, A ses pieds gûˋmissant une plainte ingûˋnue Regarde la Nature ûˋchevelûˋe et nue. Oui, lãHomme, vois-le bien, tire parti de tout! Il est beau, lãorateur farouche, qui debout, Du Progrû´s fugitif embrassant la chimû´re, Parle et courbe les fronts sous sa parole amû´re; Mais le vieux chiffonnier, qui sous le ciel changeant Montre son crochet noir et sa barbe dãargent, Prû´s de la verte Seine a des beautûˋs de Fleuve. Et cãest un beau modû´le, avec sa blouse neuve, Que lãAlphonse blûˆmi, fashionable et vainqueur, Dont la cravate rose et les accroche-céur Font fanatisme, et qui, doux jeune homme de joie, Tortille crûÂnement sa casquette de soie. Oh! ne dûˋdaigne rien dans ta ville! Chûˋris Les parcs ûˋblouissants, ces jardins de Paris Oû¿ pour nous rûˋjouir, en leurs apothûˋoses Brillent les céurs sanglants et fulgurants des roses; Mais, artiste, aime aussi les pauvres talus des Fortifications, oû¿ sous le triste dais Du ciel gris, lãherbe jaune et sû´che qui se pû´le Semble un front dûˋvorûˋ par un ûˋrûˋsipû´le; Car cãest lû que, toujours las de voir empirer Son destin, lãouvrier captif vient respirer Et que la jeune fille heureuse, en mince robe, Laissant errer son clair sourire, oû¿ se dûˋrobe Quelque rûˆve secret de mûˋnage et dãamour, Avec ses yeux brû£lants vient boire un peu de jour!
Le poème ‘Aimer Paris’ de Théodore de Banville est une invitation à voir au-delà des apparences et à apprécier la profondeur des expériences humaines. Explorez davantage les œuvres de Banville pour découvrir d’autres réflexions poétiques sur la vie et la beauté.