Le Chant des Dunes Éphémères
I
Dans l’immensité d’un sable aux traits d’or brisé,
Où le vent soupire aux confins d’une éternelle errance,
S’élève, par delà l’ombre, un air par la nuit tracé,
Chant mélancolique d’un cœur en quête d’espérance.
II
Sur l’étendue aride, aux reflets d’un ciel incertain,
Se dresse, solitaire, un musicien vagabond,
Qui, vêtu de songes, suit sa route au destin chagrin,
Et nourrit d’un feu secret l’amour d’un rêve profond.
III
Sa lyre, antique compagne aux cordes d’or vibrant,
Ressonne aux heures perdues les vers d’un temps passé,
Et chaque note émise, d’un regret impérieux,
Éveille en l’âme las un désir furtif et voilé.
IV
Errant parmi les dunes, sous l’astre aux feux mourants,
Il porte en lui ce mystère, amour impossible et funeste,
Un sentiment clandestin que l’horizon sait naissant,
Mais jamais n’ouvrira ses bras à la vie qui s’atteste.
V
Au cœur du désert infini, en des lieux sans retour,
Lui seul comprend la voix que murmure la solitude,
Où l’écho de son chant se mêle aux soupirs d’un jour,
Témoignant d’une passion aux ailes aux vives plénitudes.
VI
Or, dans un mirage obsédant, une ombre se dessine,
Fleur discrète et incandescente dans la pâle brume,
L’image d’un amour caché, dont le destin s’incline,
Telle une étoile filante en la nuit sans coutume.
VII
« Ô toi, âme vagabonde, qui berce mon cœur fragmenté, »
Murmure la voix d’un doux rêve, pareille à l’aurore,
« Ton chant, secret écho de nos âmes désenchantées,
Réveille en mes songes l’espoir, fragile trésor d’or. »
VIII
Mais, hélas ! Dans la rondeur éthérée de ce songe,
L’amour se fait éphémère, brisé par l’impitoyable destin,
Tandis que le musicien, à l’écoute au bord du mensonge,
Se voit enchaîner par les destins, en un funeste chemin.
IX
De ses doigts tremblants, il gratte la lyre aux accents graves,
Transcrivant, en vers solitaires, la douleur de l’instant,
Où la passion, timide flamme, vacille, se crève et s’évade,
Dans le creux désolé du désert, immense et déclinant.
X
Les dunes, comme des vagues d’un océan de silence,
Recueillent chaque note, chaque soupir et chaque regrets,
Et leur course, implacable, forge un chemin d’indolence,
Qui scelle l’âme du musicien, en un pacte de secret.
XI
Au zénith d’un jour infini, dans un halo d’illusion,
L’apparition d’un être, ténu reflet d’un autre temps,
Fut l’écho d’un amour vaincu, source de douce passion,
Dont le scintillement, fuyant, brisa l’espoir vacillant.
XII
Dans le fracas silencieux de l’horizon lointain,
Elle, muse incidentelle et pure, se fit apparition,
Vêtue d’un voile de brume, d’un rêve aux accents divins,
Offrant au musicien l’ivresse d’une illusoire union.
XIII
« Mon cœur, dans ton chant, se noie en un océan d’extase, »
Lui parla-t-elle, d’une voix caressante aux tons d’automne,
« Mais nos âmes, en leur errance, se doivent d’une austère phase,
Où la rencontre se heurte aux murs d’une vie que l’on abandonne. »
XIV
Ainsi, sous la voute céleste aux étoiles indolentes,
Les regards se frôlèrent, se liant d’un serment muet,
Mais leur amour, secret et fragile, de l’univers se lamente,
Et porte en lui la douleur d’un destin trop cruel et défait.
XV
Le vagabond, en ses larmes dissimulées par la brise,
Embrassa le silence brûlant pour cacher son tourment,
Tandis que son âme se perdait entre ombres indécises,
Écrivant, sur le sable ardent, un adieu déchirant.
XVI
« Ô muse aux yeux d’ambre, disparue dans la lueur du soir, »
S’élança-t-il en un vers d’amour, mélancolique et pur,
« Ta présence fut une étoile, un mirage d’un instant illusoire,
Qui nourrit en mon existence la nostalgie d’un futur. »
XVII
Dans la procession des heures, dégradant l’espoir secret,
Ses pas se firent en cadence aux accords d’une complainte,
Où la destinée, implacable, tissait en fil d’or et de regret
Un drame antique et cruel, en des murmures qui s’étreignent.
XVIII
Le désert, impassible témoin des amours impossibles,
Abritait la lutte d’un cœur qui jamais ne saurait se lier,
Et le vent, messager cruel aux divagations indicibles,
Emporta dans sa course le chant d’un adieu inélucté.
XIX
Sur un plateau de cendres, la nuit étendit son voile,
Tandis que la lune, pâle sentinelle, berçait l’agonie,
Le revolutionnaire du son se trouvait emporté par l’étoile,
D’un amour caché, trop pur pour être vécu en harmonie.
XX
« Ne pleure point, douce apparition, si l’ombre nous sépare, »
Susurra alors le musicien, le regard empli de douleur,
« Ton image, bien qu’enchanteresse, s’efface dans le brouillard,
L’amour demeure, funeste et fragile, tel un soupir de pleurs. »
XXI
Les dunes, en un mouvement d’une éternelle mélancolie,
Recueillirent chaque pas du vagabond au destin maudit;
Il poursuivait, las et absent, l’écho d’une douce harmonie,
Suivant l’empreinte d’un rêve que le temps lui avait interdit.
XXII
Dans le fracas de ses pensées, la lyre pleurait ses accords,
Et le sable, délicat tapis, se teinta de larmes dorées,
Comme la triste partition que l’univers alors lui accordait,
D’un amour au charme funeste, sublime et maladroitement mort.
XXIII
« Viens, ô muse insaisissable, dans l’ombre de notre souvenir, »
Invita le musicien, la voix tremblante d’un ardent soupir,
« Empruntons ensemble un chemin, même s’il doit nous conduire
Vers l’abîme d’un destin cruel où nos rêves vont se détruire. »
XXIV
Mais la réponse fut un silence, glacial et sans retour,
La voix s’évapora en un écho de douleur et d’oubli,
Et son image se dissolut en vapeurs d’un désastre sourd,
Laissant l’âme esseulée naufraguer sur l’onde d’un ennui.
XXV
Au cœur de la nuit, les mirages dansaient sur l’horizon,
Ombres fugitives qui se fondaient en larmes de cristal,
Le musicien, enivré d’un amour qui fut en pure frisson,
Se sentit tracé vers l’ultime naufrage, funeste signal.
XXVI
La lyre, en ses chants langoureux, exhalait un dernier adieu,
Chaque note se faisait saigne, reflet d’un désespoir clair,
Et dans le souffle du vent, l’instant d’un amour trop précieux
S’effaçait en un murmure, en un soupir éphémère.
XXVII
Sur le sable incandescent se dessina l’ombre du passé,
Celui d’un être aux yeux de brume, aux traits d’un doux mirage,
Dont l’apparition fut la clé d’un rêve à jamais effacé,
Ne laissant au musicien que l’amertume d’un cruel naufrage.
XXVIII
Tandis que le ciel, en manteau d’argent, pleurait des astres moroses,
Le vagabond, las de sa quête, contempla l’horizon immense,
Sachant que l’amour qu’il gardait, tel un secret en prose,
N’avait que le prix de ses pleurs en une éternelle errance.
XXIX
Au trépas de la nuit, sous la voûte d’un destin inéluctable,
Il déposa sa lyre, compagnon d’un chemin de solitude,
Et, l’âme en lambeaux, s’éteignit dans l’aridité implacable,
Laisse derrière lui l’ombre d’un amour en délire et sans latitude.
XXX
Les dunes, à jamais témoins de cette passion évanouie,
Conserveront en leurs plis l’écho d’un chant plein de mélancolie.
Ainsi s’achève le drame d’un cœur, en errance, brisé,
Contemplez son amour impossible, à jamais condamné et die.