Comme
Atys, le berger que
Cybèle adora.
Crucifiait au sol fendu ses faibles bras.
Du temps que j’étais fou, j’ai possédé la terre.
Les feuillages figés rêvent d’humides vents.
Je sens souffrir sous moi la
Terre où je me couche.
Brûlante, et confondue au souffle de ma bouche,
La touffeur de l’argile est un souffle vivant.
Sous un corps, la prairie entière vibre et crie
Comme s’il imposait au monde sa douleur.
Telle est l’après-midi que les hommes ont peur
Et dorment, dans l’odeur de pain des métairies.
Un seul enfant tient l’univers entre ses bras :
Un corps illimité sous l’herbe épaisse plie.
Une seule cigale éclate, grince et bat
Comme le cœur souffrant de
Cybèle engourdie.
Jaloux de ce soleil qui te couve et te boit,
Atys a caressé tes plus secrètes mousses.
De sa lèvre renflée et d’un timide doigt,
Cybèle, ô cœur feuillu, chair verdissante et rousse !
Les cigales du jour chantent dans tes cheveux.
Plus qu’un abricot mûr ou qu’une prune chue,
Sens-tu peser sur toi cette bouche déçue ?
Tu ne vois pas
Atys, ô déesse sans yeux !
Sous les pins où ton sang ruisselle à chaque tronc,
Atys d’un corps terreux va cacher la souillure.
Il ne sait pas encor sa victoire future
Et qu’en l’unique mort nous te posséderons.