(J’y ai séché des ancolies)
Tournent au vent dont la main est vive :
On sent sur soi la mélancolie
De celui qui referme un livre
Chanteur et si doux en ses rêves jolis
Qu’on a cru le vivre,
Et qu’on meurt, un peu, en le refermant…
Laisse la porte close, chère,
Nul n’a frappé ;
Parlons du mois des roses claires.
Des foins coupés ;
Dis-moi les mêmes choses :
On cueille vingt grappes roses
A la même cépée-Laisse le feu mourir, un peu ;
La chambre est tiède,
Et je te sens sourire, des yeux.
Dans l’ombre, à mon aide ;
Redis encore les choses douces
Que tu disais :
On cueille bien vingt roses-mousses
Au même rosier…
Les heures perdues reviennent, parfois,
Avec leur cueillette de fleurs des bois,
Ou lasses et pâles du chemin droit
Qui mène au décor comme on mène à la mort,
Car la
Bonté vaine porte son remords
Aussi bien que la
Haine, mais elle est moins forte ;
Nul n’a frappé si ce n’est le vent ;
J’aurais peur, en ouvrant, que ce soit la
Mort
Qui porte entre ses bras (tu dirais qu’elle dort)
Ma
Bonté pâle et froide qu’on a tuée l’antan…
Clos mieux les lourds rideaux, plutôt :
Le vent vacarme ;
La pluie d’hiver pleure aux carreaux :
J’entends ses larmes ;
Toute l’ombre sanglote, intruse et veule ;
N’est-il une demeure où l’on soit seuls ?…
Allume la lampe avenante,
Jette un cep au foyer qui s’éteint,
Et prends, encore, entre tes mains,
Le livre cher qui chante ;
Relis, tout haut, que demain
Nous revaut son attente.
Et que la route est toujours bonne
Pour celui dont le pas y sonne
Et que la source est toujours neuve
Pour le passant qui s’y abreuve
Et que la vie est faite telle,
Hasardeuse et hâtive,
Morose, folle et belle,
Perpétuelle,
Pour qu’on la vive.