Cœur de lion épris de hardement,
La fleur des preux et la gloire de
France,
Victorieux et hardi combattant,
Sage en vos faits et bien entreprenant,
Souverain homme de guerre,
Vainqueur de gens et conquéreur de terre,
Le plus vaillant qui jamais fût en vie,
Chacun pour vous doit noir vêtir et querre :
Pleurez, pleurez, fleur de chevalerie!
O
Bretagne, pleure ton espérance!
Normandie, fais son enterrement,
Guyenne aussi, et
Auvergne, or t’avance,
Et
Languedoc, quier lui son monument !
Picardie,
Champagne et
Occident
Doivent pour pleurer acquerre
Tragédiens,
Arethusa requerre
Qui en eaue fut par pleur convertie,
Afin qu’à tous de sa mort les cœurs serre.
Pleurez, pleurez, fleur de chevalerie!
Hé, gens d’armes, ayez en remembrance
Votre père, vous étiez ses enfants,
Le bon
Bertrand, qui tant eut de puissance,
Qui vous aimait si amoureusement :
Guesclin priait : priez dévotement
Qu’il puist
Paradis conquerre.
Qui deuil n’en fait et qui n’en prie, il erre,
Car du monde est la lumière faillie.
De tout honneur était la droite serre.
Pleurez, pleurez, fleur de chevalerie!