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Carmen
Le poème ‘Carmen’ de Prosper Mérimée, célèbre auteur du 19ème siècle, nous plonge dans un univers où la beauté sauvage et les mystères des arts occultes se rencontrent. À travers le personnage captivant de Carmen, la bohémienne, le poète explore les thèmes de la passion, de la curiosité et de l’attrait irrésistible pour l’inconnu. Découvrez comment Mérimée, grâce à sa plume, immortalise cette héroïne fascinante et emblématique de la culture gipsy.
– Allons, allons ! vous voyez bien que je suis bohÃĐmienne; voulez-vous que je vous dise la bajia? Avez-vous entendu parler de la Carmencita ? C’est moi. J’ÃĐtais alors un tel mÃĐcrÃĐant, il y a de cela quinze ans, que je ne reculai pas d’horreur en me voyant à cÃītÃĐ d’une sorciÃĻre. – Bon! me dis-je; la semaine passÃĐe, j’ai soupÃĐ avec un voleur de grands chemins, allons aujourd’hui prendre des glaces avec une servante du diable. En voyage il faut tout voir. J’avais encore un autre motif pour cultiver sa connaissance. Sortant du collÃĻge, je l’avouerai à ma honte, j’avais perdu quelque temps à ÃĐtudier les sciences occultes et mÊme plusieurs fois j’avais tentÃĐ de conjurer l’esprit de tÃĐnÃĻbres. GuÃĐri depuis longtemps de la passion de semblables recherches, je n’en conservais pas moins un certain attrait de curiositÃĐ pour toutes les superstitions, et me faisais une fÊte d’apprendre jusqu’oÃđ s’ÃĐtait ÃĐlevÃĐ l’art de la magie parmi les BohÃĐmiens. Tout en causant, nous ÃĐtions entrÃĐs dans la neveria, et nous ÃĐtions assis à une petite table ÃĐclairÃĐe par une bougie renfermÃĐe,dans un globe de verre. J’eus alors tout le loisir d’examiner ma gitana pendant que quelques honnÊtes gens s’ÃĐbahissaient, en prenant leurs glaces, de me voir en si bonne compagnie. Je doute fort que mademoiselle Carmen fÃŧt de race pure, du moins elle ÃĐtait infiniment plus jolie que toutes les femmes de sa nation que j’aie jamais rencontrÃĐes. Pour qu’une femme soit belle, il faut, disent les Espagnols, qu’elle rÃĐunisse trente si, ou, si l’on veut, qu’on puisse la dÃĐfinir au moyen de dix adjectifs applicables chacun à trois parties de sa personne. Par exemple, elle doit avoir trois choses noires: les yeux, les paupiÃĻres et les sourcils ; trois fines, les doigts, les lÃĻvres, les cheveux, etc. Voyez BrantÃīme pour le reste. Ma bohÃĐmienne ne pouvait prÃĐtendre à tant de perfections. Sa peau, d’ailleurs parfaitement unie, approchait fort de la teinte du cuivre. Ses yeux ÃĐtaient obliques, mais admirablement fendus; ses lÃĻvres un peu fortes, mais bien dessinÃĐes et laissant voir des dents plus blanches que des amandes sans leur peau. Ses cheveux, peut-Être un peu gros, ÃĐtaient noirs, à reflets bleus comme l’aile d’un corbeau, longs et luisants. Pour ne pas vous fatiguer d’une description trop prolixe, je vous dirai en somme qu’à chaque dÃĐfaut elle rÃĐunissait une qualitÃĐ qui ressortait peut-Être plus fortement par le contraste. C’ÃĐtait une beautÃĐ ÃĐtrange et sauvage, une figure qui ÃĐtonnait d’abord, mais qu’on ne pouvait oublier. Ses yeux surtout avaient une expression à la fois voluptueuse et farouche que je n’ai trouvÃĐe depuis à aucun regard humain. Åil de bohÃĐmien, Åil de loup, c’est un dicton espagnol qui dÃĐnote une bonne observation. Si vous n’avez pas le temps d’aller au jardin des Plantes pour ÃĐtudier le regard d’un loup, considÃĐrez votre chat quand il guette un moineau. On sent qu’il eÃŧt ÃĐtÃĐ ridicule de se faire tirer la bonne aventure dans un cafÃĐ. Aussi je priai la jolie sorciÃĻre de me permettre de l’accompagner à son domicile; elle y consentit sans difficultÃĐ, mais elle voulut connaÃŪtre encore la marche du temps, et me pria de nouveau de faire sonner ma montre. – Est-elle vraiment d’or ? dit-elle en la considÃĐrant avec une excessive attention. Quand nous nous remÃŪmes en marche, il ÃĐtait nuit close; la plupart des boutiques ÃĐtaient fermÃĐes et les rues presque dÃĐsertes. Nous passÃĒmes le pont du Guadalquivir, et à l’extrÃĐmitÃĐ du faubourg nous nous arrÊtÃĒmes devant une maison qui n’avait nullement l’apparence d’un palais. Un enfant nous ouvrit. La bohÃĐmienne lui dit quelques mots dans une langue à moi inconnue, que je sus depuis Être la rommani ou chipe calli, l’idiome des gitanos. AussitÃīt l’enfant disparut, nous laissant dans une chambre assez vaste, meublÃĐe d’une petite table, de deux tabourets et d’un coffre. Je ne dois point oublier une jarre d’eau, un tas d’oranges et une botte d’oignons. DÃĻs que nous fÃŧmes seuls, la bohÃĐmienne tira de son coffre des cartes qui paraissaient avoir beaucoup servi, un aimant, un camÃĐlÃĐon dessÃĐchÃĐ, et quelques autres objets nÃĐcessaires à son art. Puis elle me dit de faire la croix dans ma main gauche avec une piÃĻce de monnaie, et les cÃĐrÃĐmonies magiques commencÃĻrent. Il est inutile de vous rapporter ses prÃĐdictions, et, quant à sa maniÃĻre d’opÃĐrer, il ÃĐtait ÃĐvident qu’elle n’ÃĐtait pas sorciÃĻre à demi. Malheureusement nous fÃŧmes bientÃīt dÃĐrangÃĐs. La porte s’ouvrit tout à coup avec violence, et un homme, enveloppÃĐ jusqu’aux yeux dans un manteau brun entra dans la chambre en apostrophant la bohÃĐmienne d’une façon peu gracieuse. Je n’entendais pas ce qu’il disait, mais le ton de sa voix indiquait qu’il ÃĐtait de fort mauvaise humeur à sa vue, la gitana ne montra ni surprise ni colÃĻre, mais elle accourut à sa rencontre, et, avec une volubilitÃĐ extraordinaire, lui adressa quelques phrases dans la langue mystÃĐrieuse dont elle s’ÃĐtait dÃĐjà servie devant moi. Le mot de payllo, souvent rÃĐpÃĐtÃĐ, ÃĐtait le seul mot que je comprisse. Extrait de: Carmen (Extraits)
En conclusion, ‘Carmen’ invite à réfléchir sur la dualité de la beauté et du danger qui l’entoure. L’œuvre de Mérimée reste une source d’inspiration intemporelle, interrogeant nos perceptions de l’amour et du mystère. N’hésitez pas à explorer d’autres écrits de cet auteur, et à partager vos réflexions sur ce poème captivant.