Le Chant Royal : Une Forme Poétique Complexe
Le Chant Royal est une forme poétique qui constitue une variation de la forme de ballade. Elle se compose de cinq strophes de onze vers, avec un schéma de rimes ababccddedE et un envoi de cinq vers rimant ddedE ou un envoi de sept vers ccddedE (les lettres majuscules indiquent les vers répétés textuellement). Pour ajouter à la complexité, aucun mot rimé n’est utilisé deux fois.
Cette forme a été introduite dans la poésie française au XVe siècle par Christine de Pizan et Charles d’Orléans, et a fait son apparition en Angleterre vers la fin du XIXe siècle, dans le cadre d’un regain d’intérêt pour les formes poétiques françaises. La complexité de cette forme a conduit William Caswell Jones à la décrire comme « impraticable » pour un usage courant. Le Chant Royal était la forme poétique la plus compliquée dans le Nord de la France au XVe siècle, bien qu’elle ne soit pas aussi complexe que la sestina, qui était plus populaire dans le Sud de la France.
Le Chant Royal était souvent utilisé pour des sujets majestueux ou héroïques.
Exemple de Poème : La Danse de la Mort
Après Holbein
« Contra vim Mortis
Non est medicamen in hortis. »
Il est le Despote des despotes. Tous doivent se soumettre,
Tôt ou tard, au message de sa puissance ;
Princes et puissants doivent cacher leurs têtes,
Touchés par le terrible sigil de sa main ;
À côté du Kaiser, il attend le soir
Et verse une potion dans sa coupe d’État ;
La Reine majestueuse doit obéir à son ordre ;
Aucun Cardinal aux yeux perçants ne l’effraiera ;
Et à la Dame qui se laisse aller, il dit—
« Laisse, ma douce, à la fête et au jeu. »
Il n’y a pas de Roi plus terrible que la Mort.
Le seigneur vaillant, se réjouissant dans son orgueil,
Il fait tomber ; devant le Chevalier armé
Avec son mors tintant, il continue de monter ;
Il croise le fort Capitaine dans le combat ;
Le Bourgeois grave il l’appelle hors du débat ;
Il tire l’Abbé par son crâne rasé,
Ni pour les lamentations de l’Abbesse ne s’arrête ;
Aucun Mendiant criard ne lui dira non ;
Même vers le pyx, il suit le Prêtre,
Ni le Médecin ne peut arrêter son doigt glacial…
Il n’y a pas de Roi plus terrible que la Mort.
Toutes choses doivent se plier à lui. Et malheur au
Buveur de vin, — le Joueur de nuit ;
Lui, le maître de banquet, défie de nombreux combats,
Lui, entre le serment et la coupe, frappera ;
Malheur au Prêteur à taux usuraire,
Au dur Homme riche, à l’Avocat mercenaire ;
Malheur au Juge qui vend la Loi pour de l’argent ;
Malheur au Voleur qui, tel une bête de proie,
Avec un pas furtif harcèle le voyageur :—
Ceux-ci, dans leur péché, la soudain épée tuera…
Il n’y a pas de Roi plus terrible que la Mort.
Il n’a aucune pitié, — ni ne sera refusé.
Quand le foyer bas est ornée et brillant,
Il ouvre brutalement le portail sombre,
Et vole l’Enfant sous le regard de la Mère ;
Il n’a aucune pitié pour ceux que le destin méprise :—
Il ne ménage pas Lazare couché à la porte,
Ni le Cécité qui trébuche comme il peut ;
Ni le Laboureur fatigué, — à la lumière déclinante, —
Dans le dernier sillon, — ressent un souffle glacé,
Et sait qu’une main a détourné l’attelage…
Il n’y a pas de Roi plus terrible que la Mort.
Il n’a aucune pitié. Pour la Nouvelle Épouse,
Joyeuse avec la promesse de la joie de sa vie,
Qui erre joyeusement aux côtés de son Mari,
Lui, avec le fracas de son tambour, fait peur.
Il effraie la Vierge à la grille du couvent ;
La Jeune fille à moitié conquise, l’Amant passionné ;
Il n’a aucune grâce pour la faiblesse et la déchéance :
La tendre Épouse, la Veuve courbée et grise,
Le faible Père dont le pas chancelle, —
Tous ceux-là il les mène par le chemin solitaire…
Il n’y a pas de Roi plus terrible que la Mort.
Envoi
Jeunesse, à qui j’ai chanté récemment,
Des Prodiges et d’un état perdu,
Aie ta joie de vivre et sois gai ;
Mais sache aussi qu’il viendra un jour,—
Oui, et peut-être même maintenant cela s’accélère,—
Quand ton propre cœur te parlera et dira—
Il n’y a pas de Roi plus terrible que la Mort.
—Austin Dobson
Exemple de Poème en Chant Royal
Dans l’ombre du crépuscule, la Mort se lève,
Elle danse avec les âmes, une valse sans fin.
Les rires s’éteignent, la lumière s’achève,
Dans son étreinte, aucun cœur n’est serein.
Elle pulvérise les rêves, emporte les rêves,
Les riches et les pauvres, tous sont à son sein.<