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Chercheuse d’Eau

Le poème ‘Chercheuse d’Eau’ de Flavien Ranaivo explore la quête de l’amour et la recherche de l’eau, symboles de désirs fondamentaux. Plongé dans un décor malgache, ce poème court tout en profondeur aborde des thèmes universels d’émotion et de connexion. L’auteur, avec sa sensibilité unique, nous invite à découvrir la beauté et la complexité de la vie à travers les yeux de son héroïne.
Colombe est-elle celle
qui dévale
le sentier rocailleux
et glisse telle
une pierre capricieuse
sur la pente abrupte
vers la fontaine ?
Chercheuse d’eau.
Elle descend,
prudente mais gauche,
s’accroche
à chaque fois
d’une main
aux feuilles d’aloès
lisses et pointues,
de l’autre
tient la cruche en terre
– en terre du pays –
Ne sont guère sûrs
ces pieds
nus
d’Imernienne.
A quoi peut-elle rêver
sous son lamba épais
qui moule néanmoins
des seins
que l’on devine durs,
lisses et pointus ?
– A quoi pouvez-vous rêver
Teint – d’ambre
Yeux – en – amande ? –
A quoi peut-elle penser
celle – qui – n’a – jamais – connu
ni joie ni tristesse
ni l’amour ni la haine…
Attirantes pourtant
ces lèvres
menteuses :
tant elles sont
lisses et pointues.
Un souffle,
le souffle d’une brise
a tôt fait de brouiller
la chevelure noire.
A quoi peut-elle rêver
ce corps sans âme
qui brouille
l’âme du poète ?
Douce
déception.
Au tournant du sentier
l’attend
l’amant
sous le grand figuier :
– Dites, ô figuier qui regardez là-bas vers les rizières
et qui portez des fruits mûrs,
fruits du ciel ou de la terre ?
Est – ce sous votre ombre matinale
ou l’ombre du souvenir
que s’abrite- le – repiqueur – de – riz – vaincu – par – l’amour
qui s’est marié un jour d’été ?
Car ne suis,
ô figuier,
celle – qui –est vaincue – par – l’amour,
je suis l’amoureuse qui aime.
Je voudrais me mettre sous vos branches
et envoyer un message à la lune,
cette lune là – bas que j’aperçois
par les interstices des feuilles.
Rendra ma voix plus harmonieuse
l’arrière goût amer de vos fruits
que j’essaie de cueillir :
ils sont trop hauts.
Celui – qui – m’aime
n’est pas à portée du bras.
Je saisis l’invisible
et ne lâche point prise.
Apportez – lui mes soupirs,
seul mon amant saura s’en emparer.
– Vous avez chargé le grand figuier
de me remettre un message,
car l’amontana a refusé de le prendre,
le voara de la plaine
n’a daigné vous répondre.
Je suis parti
car j’avais attendu trop longtemps dans le soir ;
j’ai marché
car j’étais las d’entendre les vaines promesses.
Dites – moi, colline,
où l’herbe verte s’est enflammée,
cette nuit de lune n’est-elle celle
du chant du coq ?
Elle ressemble plutôt à l’Ikopa
à la pointe du jour :
quelques reflets clignotent dans l’ombre.
J’ai creusé un fossé
dans l’espoir d’y trouver une fontaine
pour me désaltérer
et vous dites
que c’était pour cueillir l’eau des pluies.
La traverseriez – vous à la nage
ou en pirogue au printemps ?
Vous y noyeriez – vous en été ?
Revenez en hiver, vous trouvez un puits.
L’espace sera mon domaine,
la lune mon belvédère,
le ciel mon jardin,
les étoiles mes fleurs.
Je vous ferai signe
à l’orée de la nuit :
j’agiterai le pan de mon lamba.
Empruntez alors
le chemin que nous faisions ensemble,
repassez à gué
la rivière que nous rencontrions,
et lorsque vous aurez
pour moi
poussé un soupir
les figues tomberont…
Amour fugace,
colin – maillard au clair de lune,
jeu d’antan,
n’est plus de mise.
En fin de compte, ‘Chercheuse d’Eau’ est une méditation sur l’amour et la perte. Ce poème vous incite à réfléchir sur vos propres quêtes et désirs. N’hésitez pas à explorer d’autres œuvres de Flavien Ranaivo pour enrichir votre expérience poétique.

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