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Corps Sous la Peau, Corsaire
Dans ‘Corps Sous la Peau, Corsaire’, Jacques Izoard nous invite à explorer la profondeur du corps humain et sa relation complexe avec l’identité. Écrit au 20ᵉ siècle, ce poème riche en métaphores évoque les luttes intérieures et les souvenirs ancrés dans la chair. Izoard, une figure marquante de la poésie contemporaine, utilise un langage sensoriel pour engager le lecteur dans une réflexion sur la jeunesse, le désir et la mort, rendant cette œuvre intemporelle et profondément résonante.
Jette les boules de vêtements (vêtements de Victor ou d’Arthur) dans l’eau de pluie, lave le corps d’un voleur endormi. La peau sans géographie, peau pâle, papier sans âme, peau d’ange sans regard. Cheminement lent des billes sur le tambour tendu du cœur. L’Angine et l’Aéroplane unissaient leurs destins. J’étais fille, je touchais la vie d’un garçon bleu sous l’abîme et le col. Jeunesse, passe muscade. Monsieur, vous n’y arriverez pas, je suis trop jeune; il faisait le mort, je posais mes lèvres, mes rêves sous sa peau immense, et la salive du lilas enrobait nos tumultes, nos luttes lacérées, le gel soudain de nos cris. Me dit-il. Me murmure-t-elle… Lilas pointus sous les ponts en chemise. Chêne vierge sous l’eau de Meuse. Et nous bénissions de nos mains nues les sorciers en capuchon, qui geignent, peignent les trottoirs, déchirent les joues des petites filles légères. Où souffle un feu noir, caresse les grands rats amis, les longs crocodiles de menthe, et tous les véhicules ensablés, les totems anciens qui craquent. Chambre du conseil: les oiseaux y cherchent le grain, l’eau vive et le sommeil. Étudie leur savoir, leur plumage. Arrache un seul miroir; la foudre, alors, avec ses chapelets de buis secs, ses couteaux, écartèle un pantin de pleine terre. La chambre est un grenier de cerises, où l’on fauche à grands coups le sommeil des renards. Herbes. Irène. Spa. Ciguë. Et que siffle un sifflement d’eau lisse à l’assaut des talus, des monticules. Herbes à satiété pour cacher les sosies des voleurs de grands doigts. Les bouleaux enfarinés ont le cœur très tendre. La mort meurt toujours. La langue allonge. Ou bascule dans les mots. Aplomb bleu des sarcelles. Longe le bras très long d’un géant mangeur d’herbes. Imite aussi le franc parler des oiseaux, des mille oiseaux que l’aube délivre. Le petit pouce accueille l’empreinte, l’onguent bleu. La faux coupe l’herbe et le gaucher connaît l’inverse, la récidive, le clos de l’œil qui fixe l’autre moitié du corps. Vélo rêvé des rouilles, feu troué des manœuvres. Je visite le dé menu des dents et des phalanges, rompant le corps, l’arbre. Et la main sur la main cache le pesant lingot, la rivière pétrifiée. Château d’haleine posé sur le sein d’une fille très belle. Les joues. Les jambes. Tout le corps glisse dans l’arbre creux. Mais le fourreau serre la langue du bouffon noir. Que celui qui m’épie demeure dans le puits sous la maison creuse ! Peut-il toucher le gel couvrant le corps entier? Je l’aime comme on aime un jardin foudroyé. Chargement de sabots et d’épées, cri sourd des cagoules… Le lierre quitte les maisons qui s’écroulent et cherche le cœur secret de la ville qu’on détruit. Me touche la voix basse du gel et de l’absence. Et je serre contre moi l’anneau de cheval bleu. Erre d’île en île. Toutes les rues du citron, la fraîcheur les capture. Le voleur volé marche à pas légers de thé. Nous feuilletons l’album des pâles photos d’antan. Nous avons cent ans. Jette un arbre entier dans le puits sec et vide. Tu verras cent oiseaux faire boule de bleu dans la chambre immobile… Passe ton chemin, vendeur de clous et de pals ! Écriture en bombance, en folie. Petits mots battus, penauds. Petits cris, petits murmures. Le fil de l’encre éclaire le parloir des paroles. Et siffle, salive ! Un paquebot échoue dans le juillet des jardins. Et fourbe avec la poix que l’horloge encense. Pieux dès le matin quand le linge amoncelle nos rêves hissés très blancs jusqu’au sommet du corps. Me voici comme obscur avec les taches d’encre d’un sommeil très profond. Dix mille muscles. Et l’eau jaillit. Mémoire s’effondre. On ne sait dire le sang qui file. Salive et suc sont belles caresses. Mais cent mille nerfs lacèrent la peau. Petit amandier des lèvres, demeure dans mon haleine, donne à chacun de mes mots l’amer désir de mort. Celui qui court sans rêve touche le cœur des oiseaux, le vent, l’amandier, l’embellie Œufs hôtes, œufs très ronds, vivez en moi longtemps. Nous amputons la rivière de son flux le plus dur. Dans l’herbe très lisse naît le membre immédiat.
Ce poème nous encourage à réfléchir sur les couches de notre propre identité et sur la façon dont le corps raconte notre histoire. N’hésitez pas à explorer d’autres œuvres de Jacques Izoard pour comprendre davantage son univers poétique unique.