Les bras ouverts vers ton baiser qui déifie,
J’ai pleuré d’être seul à t’aimer en silence ;
O nuit ! mon âme tremble ;
Qu’il vienne une âme et nous prierons ensemble ;
On pleure d’être seul à t’aimer en silence…
Voilà pourquoi, des jours, des mois et des années.
J’ai marché en chantant dans les foules, menées
Par tout le pauvre leurre impur des désirs vils,
Mendiant quelque écho pour mes rêves d’avril,
Voilà pourquoi, parmi les babils du printemps,
Guettant les cœurs nouveaux et les jeunes moments.
J’ai dit, ainsi que d’autres, qu’il est doux
De vivre et de prier l’Amour aux cheveux roux
Dont l’auréole est comme une chair rayonnée ;
Voilà pourquoi j’ai dit, en l’heure tôt sonnée,
La douceur d’aller deux par un verger d’enfance ;
Pour sentir battre en moi les cceurs de ceux qui s’aiment
Et pour que vive en eux un peu de mes poèmes ;
Car on pleure, ainsi seul à t’aimer en silence.
Mais tu sais que je sais toute parole vaine,
Que ton silence est la seule voix surhumaine
Et la seule clarté, ta ténèbre étoilée
Où l’on entend passer les anges, par volées…
Viens, chère, toi la gaieté de tous sourires,
Toi, la douce justice de
Vie,
Toi, panacée,
Toi, rayon ou reflet de toute la
Pensée,
Ombre du jeune
Amour — le suivant, ou suivie —
Les choses que l’on dit sont futiles, ou pires ;
Toi, tu sais le
Secret, interdit même aux lyres :
La nuit est sur nous en sa joie ineffable ;
Nos baisers et l’écho des poèmes — la gloire !…
—
La gloire, où nul n’atteint — ne valent la victoire
De dominer son rêve et le taire à jamais…
Hélène, ô l’Evoquée en rythmes innommés,
D’entre les saules gris apparais,
Reine fière.
Car voici que se fait muette la
Prière.