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Dernière Soirée Passée avec ma Maîtresse
Dans ‘Dernière Soirée Passée avec ma Maîtresse’, Guy de Maupassant nous plonge dans une atmosphère de douce mélancolie. Écrit à la fin du 19ᵉ siècle, ce poème évoque la douleur de la séparation d’avec une amante. À travers des images puissantes et une sensibilité profonde, l’auteur évoque l’amour perdu, la nature comme témoin silencieux, et la présence apaisante de divinité dans un moment de tristesse. Ce poème reste un classique incontournable qui résonne avec quiconque a déjà connu l’amour et la perte.
Il fallait la quitter, et pour ne plus me voir Elle partait, mon Dieu, c’ÃĐtait le dernier soir. Elle me laissait seul ; cette femme cruelle Emportait mon amour et ma vie avec elle. Moi je voulus encore errer comme autrefois Dans les champs et l’aimer une derniÃĻre fois. La nuit nous apportait et l’ombre et le silence, Et pourtant j’entendais comme une voix immense, Tout semblait animÃĐ par un souffle divin. La nature tremblait, j’ÃĐcoutais et soudain Un ÃĐtrange frisson troubla toute mon ÃĒme. Haletant, un moment j’oubliai cette femme Que j’aimais plus que moi. Le vent nous apportait Mille sons doux et clairs que l’ÃĐcho rÃĐpÃĐtait. Ce n’ÃĐtait plus de l’air le calme et frais murmure, Mais c’ÃĐtait comme un souffle ÃĐtreignant la nature, Un souffle, un souffle immense, errant, animant tout, Qui planait et passait, me rendant presque fou, Un son mystÃĐrieux et qui, sur son passage, RÃĐveillait et frappait les ÃĐchos du bocage. Tout vivait, tout tremblait, tout parlait dans les bois, Comme si, pour fÊter le plus puissant des rois, Et l’insecte et l’oiseau et l’arbre et le feuillage Parlaient, quand tout dormait, un sublime langage. Je restai frÃĐmissant : ce bruit mystÃĐrieux, C’ÃĐtait Dieu descendu des cieux. C’ÃĐtait ce Dieu puissant si grand et solitaire Qui venait oublier sa grandeur sur la terre. Dieu las et fatiguÃĐ de sa divinitÃĐ, Las d’honneur, de puissance et d’immortalitÃĐ, Des ÃĐternels ennuis oÃđ sa grandeur l’enchaÃŪne, Qui venait partager notre nature humaine. Il avait choisi l’heure oÃđ tout dort et se tait, OÃđ l’homme, indiffÃĐrent à tout ce que Dieu fait, AttachÃĐ seulement à ses soins mercenaires, Prend un peu de repos qu’il dÃĐrobe aux affaires. Car c’ÃĐtait aussi l’heure oÃđ ce Dieu gÃĐnÃĐreux Peut bÃĐnir et donner la main aux malheureux, L’heure oÃđ celui qui souffre et gÃĐmit en silence, Qui craint pour son malheur la froide indiffÃĐrence, DÃĐlivrÃĐ du fardeau de l’ÃĐgoÃŊsme humain, Sans craindre la pitiÃĐ peut planer libre enfin. Dieu vient le consoler, il soutient sa misÃĻre, Il rend ses pleurs plus doux, sa douleur moins amÃĻre, Il verse sur sa plaie un baume bienfaisant. D’autres craignent encore un oeil indiffÃĐrent, Et les regards de l’homme et les bruits de la terre. Ils cherchent aussi l’heure oÃđ tout est solitaire, Dieu les voit, il bÃĐnit le bonheur des amants. Invisible tÃĐmoin, il entend leurs serments. Il aime cet amour qu’il ne goÃŧtera pas Et dans les bois, la nuit, il protÃĻge leurs pas. Il ÃĐtait là , son souffle errait sur la nature, Paraissait ÃĐveiller comme un vaste murmure, Tout ce qu’il a formÃĐ s’animait et, tremblant, S’agitait au contact de ce Dieu tout-puissant, Et tout parlait de lui, le vent sous le feuillage, Et l’arbuste, et le flot caressait le rivage, Et tous ces bruits divers ne formaient qu’une voix : C’ÃĐtait Dieu qui parlait au milieu des grands bois. Tous deux nous l’ÃĐcoutions et nous versions des larmes ; Quand on va se quitter, l’amour a tant de charmes ! Et nos pleurs, qui tombaient comme des diamants, Goutte à goutte brillaient sur les herbes des champs. Mais de cette belle soirÃĐe Et de ma maÃŪtresse adorÃĐe Que restait-il le lendemain ? Seul le pÃĒtre de grand matin, En conduisant au pÃĒturage Son gras troupeau, vit sur l’herbage Les quelques gouttes de nos pleurs, Seule marque de nos douleurs ; Mais il les prit pour la rosÃĐe. « L’herbe n’est point encore sÃĐchÃĐe », Se dit-il en pressant le pas. HÃĐlas ! il ne soupçonna pas Que de chagrins et de misÃĻres Cachait cette eau sur les bruyÃĻres. Et ses brebis qui le suivaient Broutaient les herbes et buvaient Nos pleurs sans arrÊter leur course, Mais rien n’en a trahi la source.
Cette œuvre de Maupassant nous rappelle poignamment que chaque séparation, bien que douloureuse, est aussi une célébration de l’amour. Nous vous invitons à explorer davantage les écrits de cet auteur emblématique et à partager vos réflexions sur la beauté complexe des relations amoureuses.