Que rêvait un moine de
Fiésole ;
Regarde la faux qu’on y voit luire
La faux est belle
Qui vole
A tire-d’aile,
Comme une aile noire dans les blés roux ;
La
Mort est belle et sans paroles,
Et fauche et fauche à larges coups
Et sa moisson est bonne est belle.
De sa faucille
Le bel
Amour glane des fleurs
Parmi l’éteule
Glane et pleure
Et chante
Et marche seul
Sans épouvante ;
Et la
Mort marche devant
Lui
Avec sa faux qui luit et luit
—
Drapée d’aube dans son linceul —
Fauche sans parole et sans bruit
Le million des grand épis.
La voici sur le ventail d’or ;
Elle pousse la charrue d’automne :
Le long champ déferle en sillons
Charriant le chaume pâle et mort ;
Et derrière
Elle,
Il marche encore
Avec encor des épis d’or
Dans ses cheveux d’adolescent.
Avec, encor, le même chant
Et sème, encore, aux vieux sillons,
Dans l’or du soleil pâlissant,
Sème les cœurs par millions.
Veux-tu pleurer alors qu’il chante ?
Aimer c’est mourir et renaître ;
Quel pauvre leurre t’épouvante ?
Redoutes-tu de te connaître ?
Regarde encore et fais ta vie
Selon la vision de joie :
La faucille d’Amour dévie,
La faux comme une aile s’éploie ;
Vois : l’Amour fauche de son aile
Les plus hauts lys que pleurent les saules,
La
Mott fait halte et sa faux noire
Est comme une aile,
Est comme une aile à son épaule !
Réjouis-toi et sache croire !