Dans ‘Double Jeu’, Jean-Philippe Blondel explore les complexités de l’esprit humain à travers une narration introspective. Écrit en 2013, ce poème met en lumière les frustrations d’un jeune homme tiraillé entre ses aspirations et la réalité pesante qui l’entoure. À travers des images évocatrices, Blondel nous entraîne dans une réflexion profonde sur l’identité et la recherche de soi, faisant de ce poème une œuvre marquante de la poésie contemporaine.
C’est difficile de lutter contre quelqu’un qui ne montre rien. Qui reste lû , imperturbable. On a l’impression qu’on va l’entailler, l’ûˋmouvoir, la bouger mais on s’y casse les dents – et nos rûˋsolutions aussi. Je dûˋprime. Sûˋrieusement. Je regarde autour de moi, ma mû´re, mon pû´re, les bourges de Clemenceau, les ex-tueurs de Saint-Ex ã Dylan et ses nouveaux potes ã, je trouve tout minable, petit, resserrûˋ je ne vois pas comment je vais mãen sortir, pourtant il faut que je mãen sorte. Je pose mon front sur une des vitres du couloir du bûÂtiment G. Les autres sont en rûˋcrûˋ. Il est 4 heures de lãaprû´s-midi. Le ciel est couvert. Le bûÂtiment est vide. Je nãai pas le droit dãûˆtre ici, normalement. Un bruit de clûˋs. La Fernandez sort de la salle. Manquait plus quãelle. ã Vous faites quoi, lû , Silber ? ã Je mãapprûˆte û passer par la fenûˆtre. ã Vous allez vous rater. ã Une grande habitude chez moi. ã Vous allez arrûˆter votre Jûˋrûˋmie, oui ? ã Mon quoi ? ã Jûˋrûˋmie. Saint Jûˋrûˋmie. Il se plaignait tout le temps. Dãoû¿ le terme ô¨ jûˋrûˋmiade ô£. Vous connaissez le terme ô¨ jûˋrûˋmiade ô£ ? ã Je ne suis pas illettrûˋ. ã Oui, enfin, il y a des progrû´s û faire en grammaire. Je ne rûˋponds rien. Je nãai pas envie de me battre. Mûˆme avec des mots. Mûˆme contre la Fernandez. Elle reste lû . Elle plisse les yeux. ã Vous ûˆtes sû£r dãaller bien, Silber ? ã Honnûˆtement ? ã Honnûˆtement. ã Pas trop. Je sens trû´s nettement un nerf qui vibre dans ma poitrine. Et cette voix qui me dit que oui, peut-ûˆtre, au fond, je suis bon û quelque chose. « C’est ce que je veux faire. C’est ce que je veux faire de ma vie. Partir û l’autre bout du monde dans des peaux qui ne sont pas les miennes. Dans les peaux de papier qu’un ûˋcrivain mort a crûˋûˋes, des annûˋes avant ma naissance. Incarner. Je veux incarner. » Changer. Cãest ce quãils veulent tous. Il faut que jãarrûˆte de poser des problû´mes aux adultes. Que je cesse dãûˆtre dans leur ligne de vision, de mire, de tir. Que je bouge de lû . Cãest ce que je voudrais, oui. û lãintûˋrieur, je bous. Jãaimerais ûˆtre loin. Loin, genre û lãautre bout du monde. Me rûˋinventer une existence avec un dûˋbut moins pourri. Extrait de: Double Jeu, par Jean-Philippe Blondel – 2013
En somme, ‘Double Jeu’ invite le lecteur à réfléchir sur ses propres luttes intérieures. Que vous soyez un admirateur de Blondel ou un nouveau venu dans son univers, ce poème vous incitera à explorer davantage ses œuvres et à partager vos réflexions sur cette quête d’identité.