tout appel ramassé en moi
le même perpétuel délire traverse
ma tête
boit ma vitesse
gouffre hanté par la terre
touche sans trembler la violence
des volcans
hors-bord bousculé
phosphore des dents en avant
jeune épée dégainée
la rue s’illumine rieuse
au centre bouclé du barrage
tendre nuit cravachée
l’espoir tiraillé sur le chaos du pont
le ciel passe et fait mouche
cœur vibratile de l’émeute
l’espoir souffre
terrassé sous le ciel diluvien
brèche à vif
le corps éclate comme une balle
atoll volatilisé
entre deux chemins de jungle
entre ma ville barricadée
et le plateau auréolé d’éclats légers
entre ma file de chiens et le monstre convoité
entre le toit plombé sur l’aube
et l’étoile dardée
entre mon dos massif et l’âme martelée
entre la pelle de plomb et la pente boueuse de la planète
je maintiens l’interstice de jour
nul soldat ne me tient par le bras
je suis nommé par le dernier bolide
je m’appelle trouée aux abois
sur ses bases de braise
l’époque irrite et tenaille mon sang
bancale
elle bascule mon éveil
à travers ma gorge
tenue à la pointe de mes nerfs
la présence où s’enfonce mon visage
souffletée
plie sous l’acier de l’orage
quelle aube sort de mes cils
— et flotte
cible effarée
quelle aube ose me regarder
moi
mes trente cannibales mes wagonnets de poudre et ma digue ?
une intolérable lenteur
accueille ce soleil inaudible et sans poids