L’aube glisse un rayon sur le verre brisé,
Et l’ombre du salon, où ton rire s’est tu,
Frissonne sous le poids d’un hiver imposé,
Puisque mon cœur, hélas ! ne te possède plus.
Voici le livre ouvert, témoin de nos veillées,
La plume qui dormait dans le creux de ta main ;
Toutes ces fleurs d’hier, tristement effeuillées,
Jonchent le sol glacé d’un funèbre chemin.
Le silence est un roi qui règne sur la plaine
De cette âme meurtrie aux espoirs refroidis ;
J’écoute la pluie battre, monotone et vaine,
Sur les murs délavés de mon humble logis.
Je ne maudis point l’heure, ni le sort qui sépare,
Mais je garde au secret la blessure du temps ;
Comme un navire usé que nul port ne répare,
Je sombre doucement dans l’oubli des instants.

