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Élégie – Élégie

Dans ‘Élégie – Élégie’, Antoine de Bertin nous entraîne dans une exploration vibrante de l’amour et du désir. Écrite au cours du 18ᵉ siècle, cette œuvre révèle la complexité des sentiments amoureux à travers des images sensuelles et délicates. Ce poème reste significatif pour ses réflexions sur la passion humaine, nous rappelant le pouvoir envoûtant de l’amour.
Elle est à moi !
Divinités du
Pinde,
De vos lauriers ceignez mon front vainqueur.
Elle est à moi ! que les maîtres de l’Inde
Portent envie au maître de son cœur !
Sous ses rideaux j’ai surpris mon amante.
Quel fut mon trouble et mon ravissement !
Elle dormait, et sa tête charmante
Sur ses deux mains reposait mollement.
Pendant l’été, vous savez trop comment
Des feux d’amour le feu des nuits s’augmente.
Pour reposer on cherche alors le frais ;
La pudeur même, aux mouvements discrets.
Entre deux draps s’agite, se tourmente,
Et de leur voile affranchit ses attraits.
Sans le savoir, ainsi ma jeune amie
S’exposait nue aux yeux de son amant ;
Et moi, saisi d’un doux frémissement,
Dans cet état la trouvant endormie.
Je l’avoûrai, j’oubliai mon serment.
Oh ! qui pourrait, dans ces instants d’ivresse.
Se refuser un si léger larcin ?
Quel cœur glacé peut revoir sa maîtresse,
Ou la quitter, sans baiser son beau sein ?
Non, je n’ai point ce courage barbare ;
L’amant aimé doit donner des plaisirs :
L’enfer attend ce possesseur avare,
Toujours brûlé d’inutiles désirs.
Puisse souvent la beauté que j’adore.
Nue à mes yeux imprudemment s’offrir !
Je veux encor de baisers la couvrir.
Quand je devrais la réveiller encore.
Dieux ! quel réveil ! mon cœur bat d’y songer.
Son œil troublé n’avait rien de farouche;
Elle semblait quelquefois s’affliger,
Et le reproche expirait sur sa bouche.
Déjà l’amour est prêt à nous unir;
J’essaie encor de me détacher d’elle,
De ses deux bras je me sens retenir :
On crie, on pleure, on me nomme infidèle;
À ce seul mot, il fallur revenir.
«Ah! qu’as-tu fait, lui dis-je alors, mon âme?
Je meurs d’amour : cruelle, qu’as-tu fait ?
De tes beaux yeux, de ces yeux pleins de flammes.
Voilà pourtant l’inévitable effet.
Pourquoi poser ta tcte languissante
Contre ce cœur ému de tes accents ?
Pourquoi cent fois, de ta main caressante,
Au doux plaisir solliciter mes sens?
Un seul baiser quand ta bouche vermeille
Le poserait avec plus de douceur
Que ne le donne et le frère à la sœur.
Et l’époux tendre à son fils qui sommeille;
Un seul baiser de ta bouche vermeille
Suffit, hélas ! pour troubler ma raison.
Pourquoi mêler à son fatal poison
Ce trait brûlant qui de mes sens dispose,
Les fait renaître et mourir tour à tour,
Ce trait caché dans tes lèvres de rose,
Et sur tes dents aiguisé par l’amour?
Oui, je succombe à ma langueur extrême,
Je suis contraint de hâter mon bonheur;
Mais à tes pieds ton modeste vainqueur
Veut t’obtenir aujourd’hui de toi-même.
Viens,
Eucharis, au nom de tous nos dieux, À ton amant livre-toi tout entière ;
Dans ton alcôve un jour délicieux
Répand sut nous et l’ombre et la lumière ;
Si tu rougis de céder la première,
Dis…
Ne dis rien, et détourne les yeux. »
Elle se tut : ô fortuné présage !
L’Amour survint, la
Pudeur s’envola.
Elle se tut ; mais son regard parla ;
Du sentiment elle perdit l’usage :
Ses yeux mourants s’attachèrent sur moi. «
Ah ! me dit-elle, en couvrant son visage
De ses deux mains,
Eucharis est à toi. »
Ce poème invite le lecteur à s’interroger sur la nature des désirs et sur la fragilité des moments partagés. N’hésitez pas à plonger plus profondément dans l’univers d’Antoine de Bertin et à partager vos impressions sur ses œuvres intemporelles.

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