Le ciel était serein ; mais les arbres étaient sans feuilles ; aucun souffle n’agitait l’air, aucun oiseau ne le traversait : tout était immobile, et le seul bruit qui se fit
entendre était celui de l’herbe glacée qui se brisait sous nos pas.
—
Comme tout est calme, me dit
Ellénore ; comme la nature se résigne !
Le cœur aussi ne doit-il pas apprendre à se résigner ?
Elle s’assit sur une pierre ; tout à coup elle se mit à genoux, et, baissant la tête, elle l’appuya sur ses deux mains.
J’entendis quelques mots prononcés à voix basse.
Je m’aperçus qu’elle priait.
Se relevant enfin :
—
Rentrons, dit-elle, le froid m’a saisie.
J’ai peur de me trouver mal.
Ne me dites rien ; je ne suis pas en état de vous entendre.
À dater de ce jour, je vis
Ellénore s’affaiblir et dépérir.
Je rassemblai de toutes parts des médecins autour d’elle : les uns m’annoncèrent un mal sans remède, d’autres me bercèrent d’espérances vaines ; mais la nature sombre
et silencieuse poursuivait d’un bras invisible son travail impitoyable.