L’Elogium dans la Rome antique
Un elogium (latin, pluriel : elogia) était une inscription honorant une personne décédée, placée sur des tombes, des images ancestrales et des statues durant l’Antiquité romaine. Les elogia sont parfois synonymes des tituli, les inscriptions identifiantes sur des images en cire des ancêtres décédés affichées dans l’atrium des domus des familles nobles, mais ils sont plus courts que la laudatio funebris, l’oraison funèbre. À l’origine, le texte était généralement écrit en vers saturniens, mais plus tard, il pouvait être composé en hexamètres, en hexamètres iambiques, en distiques ou en prose. Une caractéristique de l’elogium est l’utilisation du nominatif pour le nom du défunt et non, comme cela a été le cas plus tard dans la littérature funéraire, du datif.
Pendant la période impériale, l’elogium est devenu un genre littéraire : des textes ont été collectés par Marcus Terentius Varro et Titus Pomponius Atticus, et la rédaction d’elogia sur des personnalités célèbres décédées est devenue un exercice rhétorique populaire. Les elogia sur les statues du Temple de Mars Ultor au Forum d’Auguste auraient été écrits par Auguste lui-même.
Origine et évolution de l’Elogium
Il existe plusieurs hypothèses concernant l’origine du mot elogium. La plus immédiate est une dérivation du verbe latin eligere (« sélectionner »); dans ce cas, un elogium serait une ‘sélection’ des archives familiales. D’autres étymologies incluent : eloquium; de la racine rag ‘collecter, lire’, signifiant ‘dire, aphorisme’; ou de la racine lag (lire), signifiant ‘dire, louer, pensée en disant’. Il pourrait également s’agir d’un mot emprunté au grec ἐλεγεῖον, à l’origine un distique épigramme, ou d’εὐλογία. Cette dernière dérivation expliquerait l’orthographe alternative eulogium. Le mot, qui signifiait à l’origine « louange », a acquis au cours de l’âge impérial un sens supplémentaire de « phrase concise », comme dans des rapports officiels, des décisions judiciaires ou des descriptions médicales succinctes.
Elogia en tant qu’écrits funéraires
À partir de la fin du Ve siècle av. J.-C., probablement en imitation d’une coutume grecque, les elogia étaient des épigrammes poétiques mentionnant avec éloge les dignités et les victoires, d’abord en vers saturniens, puis en hexamètres. Le nom du défunt (au nominatif) et ceux de ses fonctions curulaires étaient peints avec du minium, comme les tituli des imagines maiorum. Au début, comme l’indique Cicéron, l’elogium funéraire était un court poème en vers saturniens louant les vertus du défunt. Auguste a écrit un tel épitaphe en vers comme inscription sur la tombe de son fils adoptif Drusus (décédé en 9 av. J.-C.). Dans la Tombe des Scipions, un monument funéraire républicain sur la Voie Appienne, les inscriptions funéraires sur les sarcophages des Scipions peuvent être considérées comme des elogia.
L’elogium de Lucius Cornelius Scipio, fils de Lucius Cornelius Scipio Barbatus, est le suivant :
HONC·OINO·PLOIRVME CONSENTIONT·R[OMANE]DVONORO·OPTVMO FVISE·VIROLVCIOM·SCIPIONE. FILIOS·BARBATICONSOL·CENSOR·AIDILIS HIC·FVET·A[PVD VOS]HEC·CEPIT·CORSICA ALERIAQUE·VRBEDEDET·TEMPESTATEBVS AIDE·MERETO [D.]
En Rome, beaucoup reconnaissent qu’il était le meilleur parmi les bons citoyens, Lucius Scipio. Fils de Barbatus, il fut Consul, Censeur et Édile à vos côtés. Il prit la Corse et la ville d’Aleria, consacrant un temple aux Tempêtes, en juste retour.
Elogia sur les images ancestrales
Au début, les familles de la haute noblesse commencèrent à accrocher les portraits de leurs ancêtres (« imagines ») avec des fonctions curules sur les murs de l’atrium et à les relier par des lignes peintes pour former des arbres généalogiques (« stemmata »). Les inscriptions sous les portraits individuels sont généralement appelées tituli. Ces tituli ou elogia correspondaient probablement en forme aux plus anciennes inscriptions funéraires, mais sans les ajouts poétiques. Ils contenaient seulement le nom au nominatif, les fonctions curules et les grands prêtres, ainsi que les éventuels triomphes.
Elogia sur les monuments publics de la période républicaine
Dès les débuts de la période républicaine, les familles patriciennes accrochèrent des imagines avec les tituli ou elogia non seulement chez elles, mais aussi dans des espaces publics. Les sponsors de bâtiments sacrés et d’État avaient souvent les portraits de leurs ancêtres avec des inscriptions attachées à ces œuvres. Appius Claudius Caecus (consul en 307 et 296 av. J.-C.) le fit sur le temple de Bellona, qu’il éleva en 296 av. J.-C.
Elogia au Forum d’Auguste à Rome