Victor Segalen, poète du début du 20ᵉ siècle, nous offre dans ‘En l’honneur d’un Sage Solitaire’ une profonde réflexion sur la relation entre le pouvoir et la sagesse. À travers un échange riche en symbolique entre un empereur et un sage, Segalen questionne la quête de la connaissance et le sens de l’existence humaine. Ce poème invite à une introspection sur la valeur de la sagesse, l’isolement et les vérités universelles.
Moi l’Empereur je suis venu. Je salue le Sage qui, soixante-dix années, a retourné et labouré nos Mutations anciennes et levé des savoirs nouveaux. J’attends du Vieux Père la leçon : et d’abord, s’il a trouvé la Panacée des Immortels ? Comment on prend place au milieu des génies ? o Le Sage dit : Faire monter au Ciel le Prince que voici serait un malheur pour l’Empire terrestre. o Moi l’Empereur interroge le Solitaire : a-t-il reçu dans sa caverne la visite des trente-six mille Esprits ou seulement de quelques-uns de ces Très-Hauts ? o Moi le Solitaire n’aime pas les visiteurs importuns. o Moi l’Empereur implore enfin le Sage le pouvoir d’être utile aux hommes : quelque chose pour le bien des hommes ! o Le Sage dit : Étant sage, je ne me suis jamais occupé des hommes.
La richesse des échanges entre l’empereur et le sage nous pousse à réfléchir sur notre propre rapport à la sagesse et à la solitude. Que vous soyez passionné de poésie ou simplement curieux, ce poème de Victor Segalen mérite d’être découvert et partagé.