Tes jolis vers et tes chevaux
Sont cités par toute la
France :
On sait par cœur ces riens charmants
Que tu produis avec aisance ;
Tes pastels frais et ressemblants
Peuvent se passer d’indulgence ;
Les beaux esprits de notre temps.
Quoique s’aimant avec outrance,
Troqueraient volontiers, je pense.
Et leurs drames et leurs romans,
Pour ton heureuse négligence
Et la moitié de tes talents.
Mais, pardonne-moi ma franchise,
Ni tes tableaux ni tes écrits
N’équivalent, à mon avis,
Au tout que tu fis à l’Église.
Nos guerriers, la ville et la cour,
Admirant ta métamorphose,
Battirent des mains tour à tour;
La
Gloire en sourit, et l’Amour
Crut seul y perdre quelque chose.
On a tant célébré
Gramont,
Son esprit, sa gaîté, ses grâces !
Il revit en toi ; tu remplaces
Le héros de
Saine-Evremond,.
Les ris le suivirent sans cesse,
Et sur son arrière-saison
Semèrent des fleurs à foison,
Comme aujourd’hui sur ta jeunesse
En vain le
Temps, de son poison,
Voudrait amortir ta saillie :
Tu donnerais à la raison
Tous les grelots de la folie.
Jouis bien d’un destin si beau ;
Sûr de plaire et toujours nouveau.
Brille dans nos camps, à
Cythère ;
Chante les plaisirs et
Voltaire ;
Lis
Végèce,
Ovide et
Folard,
Et vois les lauriers du
Parnasse,
Unis aux palmes de la
Thrace,
Couvrir ton bonnet de housard.
Garde ton goût pour les voyages :
Tous les pays en sont jaloux,
Et le plus aimable des fous
Sera partout chéri des sages.
Sois plus amoureux que jamais ;
Peins en courant toutes les belles.
Et sois payé de tes portraits
Entre les bras de tes modèles.