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Épître a Margot
L’‘Épître à Margot’ de Pierre Ambroise Choderlos de Laclos est un poème emblématique qui interroge les notions de richesse, d’esprit et d’amour. Écrit à la fin du 18ᵉ siècle, ce texte se distingue par sa célébration de la beauté des sentiments sincères, loin des contraintes sociales. Ainsi, Laclos nous incite à repenser la valeur de l’amour authentique face aux normes établies.
Pourquoi craindrais-je de le dire ? C’est Margot qui fixe mon goût : Oui, Margot ! cela vous fait rire ? Que fait le nom ‘ ? la chose est tout. Margot n’a pas de la naissance Les titres vains et fastueux ; Ainsi que ses humbles aïeux. Elle est encor dans l’indigence ; Et pour l’esprit, quoique amoureux. S’il faut dire ce que j’en pense, À ses propos les plus heureux, Je préférerais son silence. Mais Margot a de si beaux yeux, Qu’un seul de ses regards vaut mieux Que fortune, esprit et naissance. Quoi ! dans ce monde singulier, Triste jouet d’une chimère, Pour apprendre qui me doit me plaire, Irai-je consulter d’Hozier? Non, l’aimable enfant de Cythère Craint peu de se mésallier : Souvent pour l’amoureux mystère, Ce Dieu, dans ses goûts roturiers, Donne le pas à la Bergère Sur la Dame aux seize quartiers. Eh ! qui sait ce qu’à ma maîtresse Garde l’avenir incertain? Margot, encor dans sa jeunesse, N’est qu’à sa première faiblesse. Laissez-la devenir catin, Bientôt, peut-être, le destin La fera Marquise ou Comtesse ; Joli minois, cœur libertin Font bien des titres de noblesse. Margot est pauvre, j’en conviens : Qu’a-t-elle besoin de richesse? Doux appas et vive tendresse. Ne sont-ce pas d’assez grands biens? Trésors d’amour ce sont les siens. Des autres biens, qu’a-t-on à faire ? Source de peine et d’embarras. Qui veut en jouir, les altère, Qui les garde, n’en jouit pas. Ainsi, malgré l’erreur commune, Margot me prouve chaque jour Que sans naissance et sans fortune. On peut être heureux en amour. Reste l’esprit… J’entends d’avance Nos beaux diseurs, docteuts subtils. Se récrier : « Quoi ! diront-ils. Point d’esprit ! Quelle jouissance ! Que deviendront les doux propos, Les bons contes, les jeux de mots. Dont un amant, avec adresse. Se sert auprès de sa maîtresse, Pour charmer l’ennui du repos ? Si l’on est réduit à se taire. Quand tout est fait, que peut-on faire ? » Ah ! les beaux esprits ne sont pas Grands docteurs en cette science : Mais voyez le bel embarras ! Quand tout est fait, on recommence. Et même sans recommencer, Il est un plaisir plus facile, Et que l’on goûte sans penser : C’est le sommeil, repos utile Et pour les sens et pour le cœur. Et préférable à la langueur De cette tendresse importune, Qui n’abondant qu’en beaux discours, Jure cent fois d’aimer toujours, Et ne le prouve jamais qu’une. Ô toi, dont je porte les fers, Doux objet d’un tendre délire! Le temps que j’emploie à t’écrire. Est sans doute un temps que je perds ? Jamais tu ne liras ces vers, Margot, car tu ne sais pas lire : Mais pardonne un ancien travers. De penser, la triste habitude M’obsède encore malgré moi, Et je fais mon unique étude, Au moins, de ne penser qu’à toi. À mes côtés, viens prendre place ; Le plaisir attend ton retour; Viens, et je troque, dans ce jour, Les lauriers ingrats du Parnasse, Contre les myrtes de l’Amour.
En définitive, ‘Épître à Margot’ nous rappelle que l’amour véritable dépasse les barrières de la richesse et de la naissance. Nous vous invitons à explorer davantage d’œuvres de Laclos, ou à partager vos réflexions sur ce poème intemporel.