Le genre poétique Hayren
Le hayren (arménien : հայրեն) est une ancienne forme de poésie populaire arménienne. Les hayrens sont généralement composés de quatre vers, chacun contenant 15 syllabes. Chaque vers se divise en deux hémistiches, comportant respectivement sept et huit syllabes. Cette forme poétique remonte à l’Arménie médiévale et a été utilisée par divers poètes et écrivains au fil de l’histoire. Les thèmes abordés dans les hayrens peuvent varier, englobant des sujets tels que l’amour, la satire ou des leçons de morale.
Poètes emblématiques du Hayren
Nahapet Kuchak est connu comme le « père des hayrens arméniens ». Les poèmes de Kuchak explorent souvent des thèmes d’amour et de nature. Ses œuvres sont considérées comme des classiques de la littérature arménienne. Kuchak a vécu à une époque de troubles politiques au XVIe siècle, une période sombre pour les arts arméniens. La poésie de Kuchak était souvent perçue comme une lumière dans cette époque difficile, étant simple, directe, spirituelle et lyrique.
Frik est un autre poète éminent de la même période. Frik était connu pour ses hayrens satiriques et moraux, dans lesquels il critiquait souvent le clergé et la noblesse.
Hovhannes Shiraz était un poète arménien du XXe siècle qui écrivait une large gamme de formes poétiques, y compris des hayrens. Ses œuvres tournent souvent autour de thèmes d’amour, de patriotisme et d’histoire arménienne.
Le hayren en tant que chanson
Parfois, les hayrens peuvent également être des chansons. Cette chanson, écrite par Kuchak, s’appelle « Groong » (Grue). Elle est très connue et chantée encore aujourd’hui. La grue elle-même est un oiseau allégorique dans la culture arménienne ; c’est un oiseau bienveillant et sage qui apporte de bonnes nouvelles du pays.
Voici le texte de la chanson :
D’où viens-tu, grue ?
J’ai mal d’entendre ton appel,
Savoir que tu viens de chez moi.
As-tu des nouvelles à partager ?
Je bénis tes ailes, tes yeux.
Mon cœur est déchiré en deux.
L’âme de l’exilé soupire
Attendant des bribes de nouvelles.
Un autre poème de Kuchak, intitulé « Tu es la Lumière », traite de l’amour :
Tu es la lumière, je suis l’œil.
Sans lumière, l’œil est sombre.
Tu es l’eau, moi, le poisson.
Sans eau, le poisson mourra.
Remets le poisson dans un nouveau courant,
D’une manière ou d’une autre, il vit, lutte pour survivre.
Mais si nous sommes séparés, toi et moi,
La mort est moins mauvaise, je choisirais de mourir.
Exemple de poème en hayren
Voici un poème original écrit dans le style du hayren :
Dans le jardin, la rose éclot,
L’abeille danse autour d’elle,
Les cœurs s’éveillent à la flamme,
Amour secret, douce ritournelle.
La lune veille sur nos rêves,
Son éclat apaise les âmes,
Sans toi, la nuit perd sa trêve,
Solitude, douleur infâme.
Écoute le chant du vent frais,
Il murmure des promesses,
Dans chaque souffle, un doux secret,
Nos âmes s’unissent, tendresse.
Ensemble, dans ce monde vaste,
Nous écrivons notre histoire,
Main dans la main, cœur en festin,
L’amour, notre plus bel espoir.