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Héloïse a Abélard
Le poème « Héloïse à Abélard » de Louis Sébastien Mercier évoque la douloureuse histoire d’amour entre Héloïse et Abélard. Écrit à une époque où l’amour était souvent entravé par des considérations sociales et religieuses, ce poème, riche en émotions, fait résonner la lutte intérieure de l’amante éplorée. À travers des vers puissants, Mercier nous plonge dans le monde de la passion, du regret et de la quête spirituelle, rendant cette œuvre toujours significative aujourd’hui.
Dans ce temple sacré qu’entourent des déserts, Où la foi nous découvre un nouvel univers; Dans ce séjour de paix où l’âme recueillie Reconnaît le néant du songe de la vie, Quel feu victorieux de la grâce et des temps, Quand je couche au tombeau se réveille en mes sens ? Tu le croyais éteint!… Amante infortunée! À de nouveaux tourments te voilà condamnée ! Quoi ! je les ai trahis ces serments que j’ai faits ! Il est donc des penchants qu’on ne dompte jamais! Arrête-toi, ma main… il en est temps encore-.. Dieu ! vois mes combats, Héloïse t’implore !… Loin d’elle un nom si cher… Ah! s’il était tracé, Que ce nom sous mes pleurs disparaisse effacé… Que fais-je, et qu’ai-je lu?… ma plume d’elle-même A tracé par instinct : Abélard, que je t’aime ! Tu frémis et tu crains que ma coupable ardeur N’arme enfin comte moi le bras d’un Dieu vengeur ; Je ne sais s’il punit un moment de faiblesse, Mais telle est de mes sens l’impérieuse ivresse. Pour arrêter ma plume, il tonnerait en vain… L’amour qu’il me pardonne entraîne ici ma main. Séjour religieux, enceinte redoutable, Où le cœur innocent se punit en coupable ; Où, parmi les ennuis et les gémissements, Le temps appesanti ne marche qu’à pas lents ; Temple où, près des autels, tremblante et prosternée, J’ai veillé tant de fois d’ombres environnée. Des marbres de nos saints embrassant les genoux, Vous savez si, du ciel redoutant le courroux, J’ai répandu sur moi des larmes solitaires : Eh bien ! mes cris plaintifs, mes soupirs, mes prières, Des voûtes des tombeaux la ténébreuse hortcur. Ces autels et leur Dieu… rien n’a changé mon cœur. Avec quels traits de feu tu peins ta tendre amante, Dans l’âge du bonheur, et d’amour expirante. Conduite tout à coup sous ces lugubres tours, Sépulcte des plaisirs où meurent les beaux jours ! Ici s’éteint l’amour, ici périt la gloite, Ici le cœur s’immole en pleurant sa victoire. Ah ! du moins fais parler ton cœur et ses désirs ; Mes soupirs répondront à tes tristes soupirs. Un amant malheureux inventa l’art d’écrire ; Sur un papier muet l’âme passe et respire ; On soulage l’absence, on brave ses tyrans ; Crainte, embarras, ennuis, et nos plus doux penchants, Tout se dit, Abélard, sans que le front rougisse ; Le sentiment naïf abjure l’artifice; Ce langage secret de deux cœurs dans les fers Vole d’un pôle à l’autre adoucir leurs revers. Tu me vantais l’amour, et je te crus sans peine : Le remords disparut à ta voix souveraine. Tu régnais sans efforts ; tes vœux étaient mes lois : Le ciel même semblait s’expliquer par ta voix. D’autant plus éloquent, d’autant plus redoutable. Qu’à mes yeux des mortels s’offrait le plus aimable. Que dis-je ? je crus voir un de ces confidents, Des ordres du Très-Haut ministres éclatants. Tu souriais comme eux : une flamme légère. Tel qu’un rayon céleste animait ta paupière. Sur un chemin de fleurs j’avançais sans effroi, Sans regretter ce ciel que je perdais pour toi. Tu voulus que l’hymen consacrât notre ivresse. Je te dis : garde-toi d’outrager ma tendresse ; Quand l’amour nous unit, nous faut-il d’autres lois? Est-il des noeuds plus sûrs, des liens plus étroits? L’amour, enfant céleste, ennemi de la gêne, Fuit d’une aile légère à l’aspect de sa chaîne. Et qu’avons-nous besoin de tous ces vains serments Que la crainte commande aux vulgaires amants ? Ne prenons pour garants d’une flamme si belle Que ce charme inconnu que nous trouvons en elle. D’un sentiment si pur pourquoi faire un devoir? S’armer contre le crime et déjà le prévoir. Quand un roi sur mon front mettrait un diadème, Dédaignant sans oigueil l’éclat du rang suprême. Et renonçant sans peine à vingt tittes pompeux, On me verrait choisir un nom plus glorieux. Nom cher à mon amant, nom fait pour la tendresse, Le nom simple et touchant, le nom de sa maîtresse. Titte dont je suis fière, oui, tu m’enorgueillis ! Sceptres, trônes, grandeurs, qu’étes-vous à ce prix ?
À travers « Héloïse à Abélard », Mercier nous rappelle que l’amour, même au sein de la douleur, est une force vivace. Les lecteurs sont invités à réfléchir sur les complexités de l’amour et à explorer davantage les œuvres de cet auteur fascinant qui continue de toucher les cœurs.