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Hortorum Deus
‘Hortorum Deus’, écrit par le poète français José-Maria de Heredia, est un poème qui allie la beauté de la nature à la défense d’un espace sacré contre les intrus. À travers des images puissantes et une métaphore de la divinité rustique, Heredia invite le lecteur à réfléchir sur l’harmonie entre l’homme et son environnement. Ce poème, né à la fin du 19ᵉ siècle, demeure pertinent aujourd’hui, interrogeant notre rapport à la terre et à sa protection.
N’approche pas ! Va-t’en ! Passe au large, Etranger ! Insidieux pillard, tu voudrais, j’imagine, Dérober les raisins, l’olive ou l’aubergine Que le soleil mûrit à l’ombre du verger ? J’y veille. A coups de serpe, autrefois, un berger M’a taillé dans le tronc d’un dur figuier d’Egine ; Ris du sculpteur, Passant, mais songe à l’origine De Priape, et qu’il peut rudement se venger. Jadis, cher aux marins, sur un bec de galère Je me dressais, vermeil, joyeux de la colère Ecumante ou du rire éblouissant des flots ; A présent, vil gardien de fruits et de salades, Contre les maraudeurs je défends cet enclos… Et je ne verrai plus les riantes Cyclades. Respecte, ô Voyageur, si tu crains ma colère, Cet humble toit de joncs tressés et de glaïeul. Là, parmi ses enfants, vit un robuste aïeul ; C’est le maître du clos et de la source claire. Et c’est lui qui planta droit au milieu de l’aire Mon emblème équarri dans un cœur de tilleul ; Il n’a point d’autres Dieux, aussi je garde seul Le verger qu’il cultive et fleurit pour me plaire. Ce sont de pauvres gens, rustiques et dévots. Par eux, la violette et les sombres pavots Ornent ma gaine avec les verts épis de l’orge ; Et toujours, deux fois l’an, l’agreste autel a bu, Sous le couteau sacré du colon qui l’égorgé, Le sang d’un jeune bouc impudique et barbu. Holà, maudits enfants ! Gare au piège, à la trappe, Au chien ! Je ne veux plus, moi qui garde ce lieu, Qu’on vienne, sous couleur d’y quérir un caïeu D’ail, piller mes fruitiers et grappiller ma grappe. D’ailleurs, là-bas, du fond des chaumes qu’il étrape Le colon vous épie, et, s’il vient, par mon pieu ! Vos reins sauront alors tout ce que pèse un Dieu De bois dur emmanché d’un bras d’homme qui frappe. Vite, prenez la sente à gauche, suivez-la Jusqu’au bout de la haie où croît ce hêtre, et là Profitez de l’avis qu’on vous glisse à l’oreille : Un négligent Priape habite au clos voisin ; D’ici, vous pouvez voir les piliers de sa treille Où sous l’ombre du pampre a rougi le raisin. Entre donc. Mes piliers sont fraîchement crépis, Et sous ma treille neuve où le soleil se glisse L’ombre est plus douce. L’air embaume la mélisse. Avril jonche la terre en fleur d’un frais tapis. Les saisons tour à tour me parent : blonds épis, Raisins mûrs, verte olive ou printanier calice ; Et le lait du matin caille encor sur redisse, Que la chèvre me tend la mamelle et le pis. Le maître de ce clos m’honore. J’en suis digne. Jamais grive ou larron ne marauda sa vigne Et nul n’est mieux gardé de tout le Champ Romain. Les fils sont beaux, la femme est vertueuse, et [l’homme, Chaque soir de marché, fait tinter dans sa main Les deniers d’argent clair qu’il rapporte de Rome. Quel froid ! le givre brille aux derniers pampres verts ; Je guette le soleil, car je sais l’heure exacte Où l’aurore rougit les neiges du Soracte. Le sort d’un Dieu champêtre est dur. L’homme est [pervers. Dans ce clos ruiné, seul, depuis vingt hivers Je me morfonds. Ma barbe est hirsute et compacte, Mon vermillon s’écaille et mon bois se rétracte Et se gerce, et j’ai peur d’être piqué des vers. Que ne suis-je un Pénate ou même simple Lare Domestique, repeint, repu, toujours hilare, Gorgé de miel, de fruits ou ceint des fleurs d’avril ! Près des aïeux de cire, au fond du vestibule, Je vieillirais, et les enfants, au jour viril, A mon col vénéré viendraient pendre leur bulle.
En explorant ‘Hortorum Deus’, nous découvrons non seulement la richesse des paysages décrits par Heredia, mais aussi une profonde réflexion sur la responsabilité envers notre environnement. N’hésitez pas à partager vos réflexions sur ce poème ou à découvrir d’autres œuvres de cet auteur remarquable.