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Il Rebâtira Plusieurs Mondes
Jean de Bosschère, poète du 20ᵉ siècle, nous offre à travers son poème ‘Il Rebâtira Plusieurs Mondes’ une réflexion intense sur la foi et la réinvention. Dans un contexte historique marqué par des bouleversements, ce poème évoque avec profondeur la lutte de l’individu contre ses démons intérieurs et sa quête d’espoir. C’est une œuvre qui résonne aujourd’hui encore, rappelant la force de l’esprit humain face à l’adversité.
« On dit que sa foi est écarlate comme le sang d’un homme moins fou qu’elle bat dans les artères durcies de son ardente folie. » C’est bien sur moi qui n’avais ce jour-là dénigré ni hommes ni créatures plus nobles c’est sur l’Idiot que tombent les éperviers griffus de ces hauts blâmes car de l’Orient surgit un nouveau verdict « en béatitudes il attend une Pentecôte d’image » et d’un autre quartier, d’une voix d’azur et d’humour « sa candeur rejoint le Vieux de la Montagne » Passages d’oies gémissantes, flocons souillés d’épines les ténébreuses paroles tombent sur ma culpabilité C’est bien moi, l’Idiot qui espère et croit avec la rigueur du parcours ineffable de la route ineffable et pure de la circonférence avec la ferveur des lois de transmutation Avec le trident de la parole, je rétablis l’ordre dans ces prophéties mêlées en clamantes macédoines ou avec tendresse j’apaise leurs accusations puisque je plaide pour vous mes sœurs pour vous, toutes ces pensées comme des colombes venues sur mes épaules, appelées par les syllabes malévoles venues depuis que les accusations ont sonné dans l’espace. C’était le septembre d’une claire et douce année Penché sur les Oliviers à la barre de ma fenêtre Notre amitié avait encore la saveur du miel de la confiance qui doue d’un cœur de roc la raison les Oliviers bourdonnaient de cigales et d’abeilles Je me penchais sur notre amitié ancienne et bourdonnait autour de moi la paix des âmes en solstice je bourdonnais d’amour, j’étendais sur l’eau du clavecin notre amitié ancienne arpèges sans fin de la plénitude sur l’océan des Oliviers qui aimaient mes pensées arrêtées dans leurs sphères parfaites ils aimaient qu’entre nous il n’y eût que des courbes prévues harmonieuses victoires des sangs chastes en leurs canaux Notre amitié avait alors la saveur du miel Or, par un jour net comme la section du scalpel un jour vif de septembre que l’on connaît churent sur moi les malédictions et l’acre prophétie Un rongeur hideux avait été vu sortir de ma cervelle maudite une bête de bible noire d’enfer et cornue en diable avait été vue sortant familière comme un furet privilégié La malédiction avait apparu à mes arbres de perle d’argent mes amis alors retournèrent à la race des Oliviers et plus rien d’allégorique c’était bien vers moi que grondaient les interdictions et la valériane amère avait noyé notre miel et notre hysope Les clameurs étaient mortes dans l’espace mais leurs échos empoisonnés revenaient encore « On dit que sa foi est écarlate dans les artères de sa folie » C’était la voix des cacochymes aveugles et bancroches qui connaissaient les fins finies de l’humour et des générations et ressassaient aigrement leurs raisons défaites ruminaient sur le dallage crevé de leurs ruines et l’excommunication qu’ils vomissaient avec de vieilles méthodes n’avait pu de candeur renouveler leurs âmes agonisantes Dans leur poison qui avait vu naître et mourir les Dieux la béquille du patriarche osseux avait gravé la bulle le doigt pédantesque du doyen de l’erreur et des bouffons avait tracé les paroles accusatrices effroi de mes Oliviers retournés à leurs exploitations d’olives abolissant entre nous le miel, la verveine de l’Amour « Va, disait de sa bouche amphibie une tête charnue va, dis-lui toi, lui c’était moi, le désigné que la patience humaine est morte que de l’amphore aux figures désuètes tombent les chansons ultimes et les images dis-lui que tout son sang ne rendrait pas la flamme aux cendres que la patience de l’homme a succombé trahissant ses dynasties de Dieux agonisants » Cette chêne chenue au front gonflé de géométrie savait-elle ? que savait-elle de la résurrection de l’Idiot derrière le grillage recroisé de ses rides antiques que savait-elle de ce malandrin fraudeur qui avait volé de nouvelles amphores aux Cieux ? cette tête chenue, sagesse abominable qui a dénoncé le rongeur dans la tête de l’Idiot séparant de moi mes paysages tous ! mes Oliviers trop crédules et trop fidèles aux parasites et lichens mes Oliviers préposés aux courbes des sites esclaves, enfin, traîtres qui me renient sujets aveugles des ordres arbitraires Mais moi, celui que menacent les marsouins celui qu’en l’isolant ils avaient désigné « On dit qu’elle bat dans les artères de son ardente folie » je ne puis croire que je sois si fort orphelin je reste l’Idiot dans le puits noir de ma fenêtre Seul avec mon Dieu d’effroi, avec ma vérité croissante d’espoir tragique et de tendresse sévère dissolvant les acides de la pensée qui s’élève dans les délices mortelles Et renaissant l’Orphelin idiot dans la perdition des paysages évanouis rebâtira plusieurs mondes. Sienne 1934 La Châtre 1949
Ce poème invite à une méditation sur la résilience et l’espoir. À travers les mots de Bosschère, on est encouragé à trouver la lumière même dans les moments les plus sombres. N’hésitez pas à explorer davantage les œuvres de cet auteur fascinant et à partager vos réflexions sur ce poème.