Le vent, le froid, les drapeaux, la nuit,
Le froid, les balles, les drapeaux, la suie,
Crachats rapides entre les cris.
—
On attend cette nuit dans les cours et les aires
La mort de la menace et la venue des fruits.
—
Tu sais — ceux qui chantaient quand la ville
[brûlait,
Ceux qui mangeaient de l’herbe aux rebords des
[fossés,
Ceux qui tombaient en tas en marchant vers les
[balles.
—
La fatigue est venue aux paupières des femmes.
Elles n’accoucheront avant la mort de l’aube
Que si le puits s’emplit des sueurs de l’étable,
Que si ta main presse ma hanche.
—
Mais, dans la nuit,
La marche interminable au bûcher.
—
Ton sang demande à s’épancher.
Je me souviens : dans le pré vert où tu marchais,
Le cri impitoyable du coucou
Me rappelait ton cou si chaud
Où le sang ne se plaisait plus.
—
Soleil mangeur de chair,
Rives criant de faim,
Cri des volailles égorgées,
Font se dresser les arbres aux bords des marécages
Où les poissons s’écaillent sur la vase assoiffée.