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La Barque aux Deux Sommeils

La Barque aux Deux Sommeils, écrit par Yves Bonnefoy, est une œuvre poétique profonde explorant les thèmes du rêve et de la vie. À travers une métaphore riche de symboles, Bonnefoy nous invite à réfléchir sur la dualité des existences, entre l’éveil et le sommeil. Ce poème fait partie intégrante de son univers littéraire et reste significatif pour sa manière unique d’aborder la condition humaine.
I Glisse la barque ÃĐtroite aux deux sommeils Qui respirent l’un prÃĻs de l’autre, sans recherche De rien, dans l’immobilitÃĐ, qu’un mÊme souffle. À l’aube le courant va plus rapide, La barre qu’on n’entend pas de nuit gronde là-bas, L’enfant qui joue à l’avant de la barque Alors a compassion et se rapproche Car ceux qui dorment là n’ont pas de visage, Rien que ces deux flancs nus qui firent confiance L’un à la joie de l’autre; et l’aube est froide, L’eau sombre a des reflets d’une autre lumiÃĻre. Il s’approche, il se penche, Il voit dans leur travail l’homme, la femme, C’est une terre pauvre, dont les voies Sont emplies d’eau comme aprÃĻs les orages. Il place dans ce sol Le germe d’une plante, qui recouvre De ses palmes bientÃīt, sans souvenirs, Le lieu de l’origine, aux rives basses. C’est elle qu’il pressent, depuis dÃĐjà Les premiers mots en lui, quand il regarde Monter le soir ces piliers de fumÃĐe Là-bas, loin dans la paix des deux branches du fleuve. Et c’est elle qu’il veut, contre le ciel, Voir croÃŪtre chaque jour, dans l’ÃĐvidence Des oiseaux qui se croisent en criant. Il ira tard le soir dans son feuillage, Il cherchera le fruit dans la couleur, Il en pressera l’or dans ses mains paisibles, Puis il prendra la barque, il ira poser Le vin du temps dÃĐsert, dans une jarre, Au pied du dieu du rÊve, agenouillÃĐ Les yeux clos, souriant, Dans les herbes lourdes de graines du bord du fleuve. II Ils dorment. Fut vaincu enfin le temps qui œuvre Contre toute confiance, toute joie. Peut-Être mÊme que leur forme laisse sourdre La lumiÃĻre du rÊve, qui ruisselle Devant beaucoup des barques qui avancent Avant le jour dans les pays de palmes. Ils dorment. Et l’enfant revient à la proue, Il contemple à nouveau, qui ÃĐtincelle Maintenant, l’eau du fleuve. Puis il rassemble Des branches pour le feu, qu’il allume, serrÃĐ Dans un vase de terre. Et il s’endort, ColorÃĐ par la flamme qui veille seule. III Ils rÊvent. Dans la vie comme dans les images C’est vrai que la valeur la plus claire avoisine L’ombre noire de là oÃđ les mots se nouent Dans la gorge de ceux qui ne savent dire Pourquoi ils cherchent tant, dans le temps dÃĐsert. Ils vont. Et la couleur qui brasse la nuÃĐe Prend parfois par hasard dans ses mains de sable Leur dÃĐsir le plus nu, leur guerre, leur regret Le plus cruel, pour en faire l’immense ChÃĒteau illuminÃĐ d’une autre rive. IV L’ÃĐtoile dans la chose a reparu, Elle en grossit le grain qui se fait moins trouble, La grappe de ce qui est donne à nouveau La joie simple de boire à ceux qui errent, Les yeux emplis de quelque souvenir. Et ils se disent que peu importe si la vigne En grandissant a dissipÃĐ le lieu OÃđ fut rÊvÃĐe jadis, et non sans cris D’allÃĐgresse, la plante qu’on appelle BÃĒtir, avoir un nom, naÃŪtre, mourir. Car ils pressent leurs lÃĻvres à la saveur, Ils savent qu’elle sourd mÊme des ombres, Ils vont, ils sont aveugles comme Dieu Quand il prend dans ses mains le petit corps Criant, qui vient de naÃŪtre, toute vie. Et tout alors, c’est comme un vase qui prend forme, La couleur et le sable se sont unis. Les mondes de l’imaginaire se dissipent. Quelque chose s’ÃĐbauche qui ressemble À des cailloux qui brillent dans l’eau claire.
Ce poème nous pousse à contempler la beauté fugace de nos rêves et de nos vies. N’hésitez pas à explorer davantage les œuvres d’Yves Bonnefoy et à partager vos réflexions sur ce poème poétique.

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