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La Chanson de Marthe
La Chanson de Marthe, écrite par Émile Blémont, est un poème qui évoque avec une profonde sensibilité l’histoire d’une jeune femme en proie à l’espoir et à la désillusion. Publiée au 19ᵉ siècle, cette œuvre s’inscrit dans un contexte où la poésie romantique prenait une place prépondérante dans la littérature française. Blémont réussit ici à capturer la beauté et la tragédie de l’amour à travers les yeux de Marthe, une figure emblématique de la fragilité humaine.
Je dis pour les cĹurs ingĂŠnus ďťżLa chanson de Marthe aux pieds nus. I Marthe dès lâaube a quittĂŠ son aĂŻeule ; Marthe aux pieds nus est au bois toute seule. ďťżLes ailes vont le dire aux fleurs, ďťżLe matin bleu rit sous les pleurs. Le fils du roi, sans meute et sans cortĂŠge, Suit la ravine oĂš lâacacia neige. ďťżAiles et fleurs sont en ĂŠmoi : ďťżMarthe est devant le fils du roi. ÂŤÂ Etes-vous fĂŠe, ou sainte ayant chapelle ? â Non, monseigneur, câest Marthe quâon mâappelle.  ÂŤÂ La fauvette, lâĹil en ĂŠveil, Ăcoute et se lisse au soleil. Marthe, aimez-moi, je sens que je vous aime. â Oh ! monseigneur, vous en ririez vous-mĂŞme.  La tĂŞte dâun lĂŠzard surgit, La fraise dans lâherbe rougit. ÂŤÂ Croyez-vous donc mon amour ĂŠphĂŠmère ? â Mon beau seigneur, jâen croirai ma grand-mère.  La petite bĂŞte Ă bon Dieu Vole et miroite, rouge et feu. ÂŤÂ Quâun seul baiser, Marthe, ici nous engage ! â Mon cher seigneur, un seul, pas davantage !  Sur la source, au bord du sentier, Sâeffeuille une fleur dâĂŠglantier. ÂŤÂ Marthe, Ă demain, au seuil de votre porte ! â Mon doux seigneur, le ciel vous fasse escorte !  Est-ce un rĂŞve ? O les tendres voix, Qui bercent lââme au fond des bois ! II Le lendemain, et toute la semaine, Marthe attendit ; son attente fut vaine. Pourquoi les angĂŠlus du soir Sont-ils si clairs, quand fuit lâespoir ? Marthe attendit un mois, un mois encore, Et sâĂŠveilla plus faible Ă chaque aurore. Quâannoncent donc tous les matins Les gais angĂŠlus argentins ? Marthe isolĂŠe, abattue et pâlie, Espère encor, mais sent que câest folie. Lâautomne endort les horizons ; Adieu les fleurs et les chansons ! Sur Marthe on jase, on chuchote, on sâexclame : ÂŤÂ Est-ce dâamour que cet enfant perd lââme ?  Lâhiver vient, lâhiver part ; soudain Le lilas fleurit au jardin. Les jeunes gens de toute la vallĂŠe Vont visiter la belle dĂŠsolĂŠe. Lâodeur des foins en fenaison Embaume de loin la maison. Aucun galant, pas mĂŞme le plus digne, Du moindre accueil nâobtient le moindre signe. Dans les rameaux du grand pommier, Vole et se pose un blanc ramier. Marthe se meurt ; une lueur ĂŠtrange Sous son front mat sâallume en ses yeux dâange. Le crĂŠpuscule se fait gris ; Tourne, tourne, chauve-souris ! III Mais des forĂŞts soudain la brise apporte Une fanfare et le bruit dâune escorte. Voici briller le soleil dâor ; Alouette, prends ton essor ! Sous le galop des chevaux le sol sonne Le noble prince apparaĂŽt en personne. Dans les rouges coquelicots, Chante un coq, droit sur ses ergots. Le noble prince au logis se prĂŠsente ; Il entre, il court : Marthe est agonisante. Sur le lis, que pendant la nuit Le vent brisa, tout le ciel luit. ÂŤÂ Chère âme, dit lâamant qui dĂŠsespère, Jâai donc trop tard flĂŠchi le roi mon père !  Une cloche tinte lĂ -bas ; Est-ce la noce, est-ce le glas ? Marthe sourit : ÂŤÂ Puisque je meurs, dit-elle, ÂŤÂ Marions-nous pour la vie immortelle !  Azurs, rayons, brises, parfums, Ranimez les beaux jours dĂŠfunts ! Le fiancĂŠ couronne lâenfant blĂŞme Des diamants du royal diadème. Brises, rayons, parfums, azur, Rendez lââme pure au ciel pur ! Le jour sâĂŠteint, la mort ĂŠtend ses voiles ; Aux diamants se mĂŞlent les ĂŠtoiles. Des rameaux du pommier tremblant Sâest envolĂŠ le ramier blanc.
Ce poème nous invite à réfléchir sur les thèmes universels de l’amour et de l’attente, tout en nous poussant à explorer davantage d’œuvres d’Émile Blémont. Quelles émotions vous inspirent ces vers ? Partagez vos réflexions avec nous.