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La Forêt Qui Marche

Jean Cocteau, figure emblématique du 20ᵉ siècle, nous offre avec ‘La Forêt Qui Marche’ une œuvre qui jette un regard critique sur les réalités de la guerre à travers le prisme du chant des soldats anglais. Ce poème, à la fois mélancolique et plein d’espoir, évoque le contraste entre l’innocence des jeunes hommes et la brutalité des batailles, invitant le lecteur à réfléchir sur les conséquences de la guerre sur l’humanité. L’œuvre reste d’une grande actualité et résonne avec les luttes contemporaines.
J’ai croisé les Anglais roulant vers la bataille Sur leurs grands camions automobiles Leurs visages de brique rose Et leur chanson des soirs sur la Tamise Leurs uniformes n’avaient pas la morne invisibilité De poudre, de crasse et de fatigue Des uniformes de l’ennemi. J’ai vu les Anglais rouler vers la bataille Comme la forêt qui marche de Shakespeare Comme un soulèvement du jeune labour Comme la sève des feuillages. Ils étaient sur la route qui sent la pomme (On entendait le canon bousculer la colline rose) Comme une équipe de football Comme un grand collège en promenade Comme un équipage qui a quitté son navire natal Parfumé de goudron de sel de gingembre et d’iode… Pour la douce terre où nous sommes. Les Anglais chantaient sur leurs lourds camions automobiles Où il y avait des obus et des conserves Et des chemises de rechange Et des rasoirs Gilette et des tubs et du thé Les Anglais chantaient sur leurs lourds camions automobiles Où il y avait des obus et des gâteaux secs Des conserves et des chemises de rechange Des aéroplanes démontés Et des cuirs et des sacs et des tubs et du thé. Ils chantaient Et le soir qui endort même les archanges Mais qui sur nos bivouacs comme sur les camps grecs Ne fait pendre jamais les ailes de Minerve Les écoutait chanter. Ils chantaient l’île où le brouillard cache les hommes Ce grand bâtiment pétrifié en plein voyage… Ce peuple de marins si secret et si limpide Comme Steerforth quand il va mourir dans David Copperfield. J’ai entendu les Anglais chanter sur la route Ils avaient la couleur des mousses et des biches Des champignons sous les bruyères Des taches de rousseur des feuilles de fougères De l’aigle [ mots illisibles] la tige des fougères. Ils avaient la couleur des cabanes de bûcherons Du chasseur et gibier qui se déjouent De la sève qui pleure aux branches des sapins. La couleur du whisky et des faubourgs de Londres. Ils roulaient en chantant vers ce qui est le pire! Et c’était leur île qui chante… Et c’était la forêt qui marche de Shakespeare. Choral ! Schubert joué par les étudiants! Brocs de bière écumeuse aux rives du Neckar Myosotis dans le jardin d’Henri Heine… L’Ennemi! Les Vandales! Ce Dimanche! Un tel dimanche tant de Haine, Où Booz dort contre toutes les meules Où le ciel plein de monstres planétaires Comme de poissons l’océan (Il y en a qui charment encor la terre Et qui sont déjà des cadavres du néant) S’allume pour, naïf, conduire les Rois Mages. Un dimanche où le crépuscule Semble une aube de la nuit. Un dimanche où l’on prend pour des mitrailleuses attentives Des machines d’agriculture. Ou vite au passage on regarde Evoluer la silencieuse stratégie des perspectives. La paix se réfugie au milieu des moissons. Vers d’autres blés hélas ces chars et ces chansons… Chanson narquoise et triste et monotone et sobre J’ai entendu les Anglais chanter sur la route d’octobre. Comme les lads qui promènent les chevaux de course Dans ma campagne de Seine-et-Oise. Obus qui souffle, tombe, explose Et gonfle autour de lui l’atmosphère – Tranchée où on chancelle de faim Et où on patauge et où on n’en peut plus. Mélinite qui laisse un nuage joufflu Et qui souffle avec ses noirs séraphins, Du feu bref et de la rocaille de fer. Œuf tonnant qui tombe d’un aigle Mitrailleuse avec son doux balancement de palme Qui mène dans sa broderie Et dont le bruit semble au loin sur les colline calmes La suture qui craque entre un champ de trèfle et un champ de seigle Et un champ de seigle et un champ d’orge – Les Anglais dans le soir chantaient à pleine gorge… Et ils ignoraient les causes profondes Il n’y avait pas besoin pour leur armée De dix-neuf cent quatorze et de dix-huit cent quinze De harangues et d’anniversaires Ni de remords, ni de revanche, Ni que partent les fils du roi Georges – Non – pour qu’ils traversassent la Manche Il y avait tout simplement Et rien d’autre n’était nécessaire Un grand match de ca non avec les Allemands. J’ai croisé les Anglais sur leurs automobiles J’ai vu leurs visages de brique rose – – les Anglais avec nous marchant contre un Empire! Ils avaient la couleur des rochers de la Corse Ils avaient la couleur des moutons de Lorraine… Et c’était la forêt en marche de Shakespeare!
En explorant ‘La Forêt Qui Marche’, nous sommes invités à plonger dans la complexité des émotions humaines face à la guerre. Ce poème est un appel à la paix et à l’empathie envers ceux qui souffrent. N’hésitez pas à découvrir d’autres œuvres de Jean Cocteau pour compléter votre compréhension de cet artiste prolifique.
Auteur:Jean Cocteau

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