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La Maison D’épingles
La Maison D’épingles, un poème captivant de Jacques Izoard, plonge le lecteur dans un monde où les images se croisent et se heurtent dans une danse de sensations inoubliables. Écrit au 20ᵉ siècle, ce poème évoque la lutte intérieure et la beauté éphémère de l’existence. Izoard, connu pour son style surréaliste, crée un univers où l’imaginaire flirte avec le réel, invitant chacun à explorer les recoins sombres et lumineux de l’âme.
Dans la maison d’épingles, l’ami de tous les jours est un garçon très pâle. Le saint bras m’attire vers les vêtements bleus. Le givre avale cru paumes et pattes. L’hiver étreint l’embrassée, la cloue au papier peint. Le sifflet d’ivoire appelle Adam de laine ou susurre l’embellie. Évanoui, le val d’août. La mort se meurt dans le bleu des rivières. À moi, cris fluides ! Sorciers d’osier ahanent sous les coups du tambour.. Broc noir; table ronde où les farfadets déchirent mon corps, ma lumière. Trois mètres de bras suffisent. Le cou de l’embellie, je le coupe à l’aube. Il en résulte un saccage de voix, de vêtements. J’assomme le sommeil. Je vis dans l’œil de verre d’un aveugle innocent. Meurs en moi, je l’exige, tatoué de poignards, de fleurs. Nous marchons en nous-mêmes, nous usons notre peau sous les paupières qui bougent. La salive endort la fée. Les mains glissent sous la peau. Le bras d’épines de Jean vit dans mon bras gauche. Ainsi va la rivière : elle chante et s’étonne. Sous l’aisselle pousse l’aile d’un voleur de Dieu. L’aveugle et l’aveuglette lacèrent le bandeau noir. Et qui veut entendre ma voix pleine de sable? J’avance à pas prudents : mon corps est envahi de jambes et de bras. Mauve ébriété des cygnes. Quel talion me point ? Quelle aiguille me traverse de citrons acérés, de béquilles? Je suis vu des voleurs, je ne suis plus nu. Les herbes me caressent sous le ventre et la main. Je bois le venin gauche. Et la flûte effilée répand l’encens, le nard. Salive et neige et coq. Deux lèvres se serrent. Les mots nous quittent. Il appartient aux doigts de caresser la joue… Dès que nous aimons l’herbe, les hiboux nous attaquent, lacèrent nos vêtements, nous prennent le cœur. Mais nous ne tremblons pas. Nous commençons nos nages. Douze instruments frappent le coude et le cœur, la cheville qu’on déchire, le doigt qui sait tout, l’épaule amie des fées, la rotule qui roule, qui n’amasse que la mousse, l’œil amoureux du vent, le pouce pansu, petit ogre, le cheveu sans fin du rêve, et la paume des quatre mains, le sang-froid de l’aorte, les douze mois des lèvres et des caresses. Dans la deuxième phalange, une fée meurt de faim : dés à coudre et rémouleurs, paniers de bleu, sauterelles, voilà nos objets, nos talismans. Je rêve d’un rêve de rêve, d’une maison dans un miroir, où le feu nage et se noie. Dans la chambre étouffée, amoncellements de bras, de jambes. Un anneau d’or autour du sexe. Et l’isoloir des guêpes se remplit de farine. Voilà le sommeil gonflé d’escargots, de prunes. Le papier fin meurt. Nous n’ouvrons à personne. Le souffle du mort me touche la peau : j’allonge les jambes. Un encrier sans écolier garde une odeur de sperme. Et j’assaille en douceur un corps de sable. Un chandelier brisé lèche ses propres flammes. Quelqu’un dort dans ma main. Maison d’épingles de marins, ou huche d’épines, ou amandier. La coquille de verre protège la boule noire du sommeil. Goûts de miel, de marie-jeanne… Éparpille donc ici les yeux ou les jonquilles. Langue de loup. Nous conversons, lucides. La tempe est un parvis. Cœur: caillou glacial. Habillons les doigts d’habits de bagnards, de sabots d’aveugles. Dormons dans la sébile d’un voleur de noix. Je lèche tes lèvres : voici le cuir, la craie, l’huile. Les tables de bois blanc sont chargées d’hirondelles. La meule me fend la peau : je respire, je ne respire pas. Ote la langue. Un grand mot blanc tombe. Un feu rapetisse dans le sabot des fleurs. Écrire sans respirer : deux chevaux sur les épaules. Écrire sans bouger : sur le verre ou le papier, une haleine d’amandier, de fille efface ma paume. Et si j’écris sans écrire, les liens du lin m’étranglent, et le rêveur ivre attise un feu de nerfs ou d’osiers. Thym sans écharde. Un torrent de souffles vit dans le bahut. Qui dort dans l’œil de verre d’un coquelicot naïf? Qui fabrique un engin de joncs, de fils de fer? Au nom des cinq familles, je vous parle d’encens, de pas perdus, de pieuvres. La femme en haleine aime la verveine et la pie. Déshabille-toi, frégate ! Un peu de vin souille le sein, la serpe d’or. Qui touche mes mains devient sourd, aveugle, objet de métal bleu sur le lit du mort. Dans la coque ou la gousse, je dors sans oiseaux. Cabaret de salive, dérive, désastre… Et je lèche et caresse ton corps, ta folie. Dans l’herbier, le nain accompagne la rivière. Je suis seul à piller la maison du laitier. Dans la maison menue, je frotte serpes et chandeliers. Je mange la suie bénigne et deviens taupe en or. Quel feu pétille sous l’ongle où ma fée me caresse ? Quelle bosse de bleu bouleverse l’horloge? Langue de chat me lèche. Un peu de sang vacille. Étaux et cordages, osselets. J’énumère sur les doigts membres et falbalas. J’occis le cœur du feu, caressant les mâts des lèvres et des herbages. Respire sous l’ongle, géant mince du sang. N’arrache pas la peau de celui qui délire. Bande l’arc du bègue et entre la langue dans la bouche d’un rêveur: voici les buis et les merveilles La pluie, la peau nous lient: nous vivons sans haleine. Voyou bleu indicible en chemin de fer, les essieux qui crissent lacèrent ta peau. Nous arrivons à Liège et c’est le carnaval des marmots, des hélianthes. Le fou rire éperdu d’un jean-foutre en blue-jean. Essouffle. Des rêves, lentement. Le froid mord le nain. La tragédie à la renverse. Et le moteur très doux de la paume empalée… Je sais retenir l’œil qui roule pupille. Un seul envol de linges m’extirpe du lieu fatal. Don Juan désuet pille verreries et châteaux d’eau. Faut-il mettre à sac nos gosiers, nos grossesses ? Pourtant, le sperme est doux. Blanchira-t-il encore ma voix dans la tienne ? Invente aussi la roue: elle est de laine dans l’œil, de tissu mince dans le pied, de poudre d’or sur la main. Nous cachons dans les tonneaux nos fardeaux de neige. Nous jetons nos carcans de gel. Ramasse la rotule rouge. Demeure assis dans la cheville. L’épinglier dort ici sous la voûte et la plante. Sifflement de ciguë, feu doré du pouls. Les pommes, par centaines, roulaient dans la maison. Je nage ! Je nage ! On entend crier: la neige ! la neige ! Dans la chambre minuscule, cent sabots sont rangés. Quelques lampes à huile ont le poing levé. La blanchâtre amourette, l’osier sourd de l’oreille, quelques trésors plies en quatre Un serrement de trèfle autour du cœur.
Ce poème, tout en étant une réflexion sur la complexité de la vie et de la mort, pousse le lecteur à apprécier la beauté des mots. N’hésitez pas à plonger davantage dans l’univers de Jacques Izoard et à partager vos impressions sur ses œuvres fascinantes.