Utilisation des poèmes : Tous les poèmes de unpoeme.fr sont libres de droits et 100% uniques "sauf catégorie poésie classique" .
Vous pouvez les utiliser pour vos projets, écoles, affichages, etc., en mentionnant simplement notre site.
⚠️ Les poèmes soumis par nos lecteurs qui souhaitent en limiter l'usage auront une mention spécifique à la fin. En l’absence de cette mention, considérez-les comme libres de droits pour votre usage personnel ou professionnel.
Profitez-en !
La Rivière Susquehannah
Le poème ‘La Rivière Susquehannah’ de Julien Gracq nous plonge dans un paysage hivernal empreint de nostalgie et de réalité industrielle. Écrit au 20ᵉ siècle, ce poème illustre la maîtrise de Gracq pour évoquer des scènes visuelles riches en émotions. À travers des descriptions minutieuses, il nous invite à réfléchir sur la beauté cachée dans la mélancolie des paysages modernes.
Le long de la rivière Susquehannah roulent l’hiver des trains de marchandises, et les berges hollandaises sont une rangée de vide-bouteilles patronisés par les chauffeurs de locomotives avec leurs jolis bonnets de madapolam. Des ballets silencieux de patineurs parfois se dénouent devant la ventouse à l’haleine de perle d’un wagon engourdi par la neige sur sa voie de garage — mais d’un bout à l’autre de la journée l’impression dominante est un carillon de grosses cloches de bois. A midi, dans le blizzard et son coton saupoudré de suie, l’éclairage est une aube sibérienne indifférente, avec le choc des rondins coupés et le ronflement des manches de toile des elevators — des lointains indécis, à dix mètres, révèlent un homme d’équipe, les mains dans les poches, qui traverse en sifflotant une voie de garage. Les somnambules, à l’odeur de chien mouillé, sont groupés à l’écart dans une salle d’attente aveuglée par un poêle. Chacun paraît s’occuper peu de son voisin, et les allées et venues mal réveillées n’épouser qu’une convenance de pure forme, en l’attente de la cloche de six heures comme au théâtre, avec les beaux groupes noirs qui s’éloignent sur la neige. Il y a aussi les hangars abandonnés où l’on boit des grogs fumants dans l’odeur de goudron et de sapins de Noël comme une gorgée de sciure de bois fraîche, et dans le terrain vague des voies les petits bars de panneaux démontables autour d’une chromo-lithographie qui représente Trotsky recevant les parlementaires allemands devant la gare de Brest-Litovsk.
En conclusion, ‘La Rivière Susquehannah’ nous rappelle que même dans les ambiances les plus froides et austères, il existe une beauté profonde. Nous vous invitons à explorer davantage les œuvres de Julien Gracq et à partager vos réflexions sur ce poème poignant.