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La Singesse
Dans le poème ‘La Singesse’, Georges Fourest nous plonge dans un univers exotique où l’amour se vit avec intensité et liberté. Écrit au début du 20ᵉ siècle, ce poème met en avant une relation singulière entre l’homme et une créature de la nature, explorant des thèmes tels que la sensualité, le désir et la célébration de la vie sauvage. À travers des images vibrantes et des métaphores audacieuses, l’auteur parvient à capturer l’essence d’un amour primitif, loin des normes conventionnelles.
Donc voici ! Moi, Poète, en ma haute sagesse respuant l’Ève à qui le Père succomba j’ai choisi pour l’aimer une jeune singesse au pays noir dans la forêt de Mayummba. Fille des mandrills verts, ô guenuche d’Afrique, je te proclame ici la reine et la Vénus quadrumane, et je bous d’une ardeur hystérique pour les callosités qui bordent ton anus, J’aime ton cul pelé, tes rides, tes bajoues et je proclamerai devant maintes et maints, devant monsieur Reyer, mordieu ! que tu ne joues oncques du piano malgré tes quatre mains : et comme Salomon pour l’enfant sémitique, la perle d’Issachar offerte au bien-aimé, j’entonnerai pour toi l’énamouré cantique, ô ma tour de David, ô mon jardin fermé… C’était dans la forêt vierge, sous les tropiques où s’ouvre en éventail le palmier chamoerops ; dans le soir alangui d’effluves priapiques stridait, rauque, le cri des nyctalomerops ; l’heure glissait, nocturne, où gazelles, girafes, couaggas, éléphants, zèbres, zébus, springbocks*, vont boire aux zihouas sans verres ni carafes laissant l’homme pervers s’intoxiquer de bocks ; sous les cactus en feu tout droits comme des cierges des lianes rampaient (nullement de Pougy) ; autant que la forêt ma Singesse était vierge ; de son sang virginal l’humus était rougi. Le premier, j’écartai ses lèvres de pucelle en un rut triomphal, oublieux de Malthus, et des parfums salés montaient de son aisselle et des parfums pleuvaient des larysacanthus. Elle se redressa, fière de sa blessure, à demi souriante et confuse à demi ; le rugissement fou de notre jouissure arrachait au repos le chacal endormi. Sept fois je la repris, lascive ; son œil jaune clignotait, langoureux, tour à tour, et mutin ; la Dryade amoureuse aux bras du jeune Faune a moins d’amour en fleurs et d’esprit libertin ! Toi, Fille des humains, triste poupée humaine au ventre plein de son, tondeuse de Samson, Dalila, Bovary, Marneffe ou Célimène, contemple mon épouse et retiens sa leçon : mon épouse est loyale et très chaste et soumise, et j’adore la voir, aux matins ingénus, le cœur sans artifice et le corps sans chemise, au soleil tropical, montrer ses charmes nus ; elle sait me choisir ignames et goyaves ; lorsque nous cheminons par les sentiers étroits, ses mains aux doigts velus écartent les agaves, tel un page attentif marchant devant les rois, puis dans ma chevelure oublieuse du peigne avec précaution elle cherche les poux, satisfaite pourvu que d’un sourire daigne la payer, une fois, le Seigneur et l’Époux. Si quelque souvenir de souleur morte amasse des rides sur mon front que l’ennui foudroya, pour divertir son maître elle fait la grimace grotesque et fantastique à délecter Goya ! Un étrange rictus tord sa narine bleue, elle se gratte d’un geste obscène et joli la fesse puis s’accroche aux branches par la queue en bondissant, Footitt, Littl-Tich, Hanlon-Lee ! Mais soudain la voilà très grave ! Sa mimique me dicte et je sais lire en ses regards profonds des vocables muets au sens métaphysique je comprends son langage et nous philosophons : elle croit en un Dieu par qui le soleil brille, qui créa l’univers pour le bon chimpanzé puis dont le Fils-Unique, un jour, s’est fait gorille pour ravir le pécheur à l’enfer embrasé ! Simiesque Iaveh de la forêt immense, ô Zeus omnipotent de l’Animalité, fais germer en ses flancs et croître ma semence, ouvre son utérus à la maternité car je veux voir issus de sa vulve féconde nos enfants libérés d’atavismes humains, aux obroontchoas que la serpe n’émonde jamais, en grimaçant grimper à quatre mains !… Et dans l’espoir sacré d’une progéniture sans lois, sans préjugés, sans rêves décevants, nous offrons notre amour à la grande Nature, fiers comme les palmiers, libres comme les vents !!!
‘La Singesse’ nous invite à réfléchir sur la beauté de l’amour dans sa forme la plus pure et instinctive. En redécouvrant ce poème, nous réalisons que la nature et la passion humaine sont intrinsèquement liées. N’hésitez pas à explorer d’autres œuvres de Georges Fourest pour découvrir davantage ses réflexions sur l’amour et la nature.