Les Reflets Égarés
Où le silence s’étirait, immuable et austère,
Se dressait tel un miroir antique à l’allure ténue,
Le témoin muet d’un passé aux reflets amers.
C’était là, en cet antre de pierre oubliée,
Que Personne, en quête d’elle-même, errait,
Portant en son coeur les stigmates d’une vie fanée,
Et l’âme las d’un éternel questionnement inassouvi.
Personne arpentait, d’un pas mesuré et l’autre rêveur,
Les corridors labyrinthiques semblables aux méandres de son esprit;
Chaque vague écho des pas résonnait tel un hélas intérieur,
Révélant dans le jeu des ombres ce que son âme fuit.
L’âme en exil, considérant le monde comme luisant miroir,
Elle croyait entrevoir en ses reflets quelque vérité,
Mais hélas, telle une énigme aux contours illusoires,
Le reflet d’elle-même se perdait en volutes de nostalgie.
Aux premières lueurs d’un crépuscule inéluctable,
Où l’ombre se faisait compagne, fidèle et silencieuse,
Personne s’arrêta, contempla d’un regard inlassable
La lueur pâle des astres sur l’antiques murailles précieuses.
« Ô toi, image évanescente, qui brilles dans le miroir du temps,
Dis-moi où sommeille le secret de mon être égaré!
Suis-je l’écho d’un souffle d’antan, un présent décevant,
Ou bien l’ombre morose d’un avenir inexorablement lié? »
Murmura-t-elle, dans un souffle entendu par le silence,
Dont l’infini portait déjà le sceau de l’indicible absence.
Dans ce couloir où l’écho conversait avec la solitude,
La pierre et la poussière accusaient l’usure du temps,
Chacune de leurs fissures, comme autant d’amertumes rudes,
Racontait l’histoire d’une existence en proie aux tourments.
Au détour d’un giron d’ombre, Personne découvrit une clairière,
Où l’implacable reflet de son être se faisait double,
Une métaphore des reflets de l’âme, lumière et misère,
Où l’union du passé et du présent se mêlait en trouble.
Jeune et vieilli en un soupir, l’errante voyageuse
Observa alors ces images, telles des vagues éphémères,
Nimbées d’un éclat triste, pavant sa marche silencieuse,
De révélations fugaces, d’ombres de chimères.
« Qui suis-je, sinon l’inscription d’un destin incertain,
Un passage entre l’ombre et la lumière, le souffle d’un vent?
Le miroir me renvoie en vain ce regard qui s’éteint,
Réminiscence d’un passé, fragment d’un rêve dormant. »
Ainsi parlait-elle à l’écho, en un dialogue intérieur,
Résonnant contre la froideur des pierres, en un soupir d’ailleurs.
Le corridor s’étirait, long et mystérieux,
Comme une allégorie des détours de l’âme en peine,
Où chaque pas semblait invoquer les murmures anxieux
De souvenirs inaltérables, de nostalgies souveraines.
Au détour d’un pan de mur, une inscription effacée,
Vestige d’un temps révolu, vint troubler sa pensée,
« Cherche, ô voyageuse, en ton reflet l’âme oubliée,
Car dans l’ombre des anciens, se trouve la clé à ton passé. »
Mais l’écho, vain et mélancolique, ne porta que silence,
Laissant Personne seule, face à son inexorable indolence.
Dans un recoin du corridor, une fenêtre fissurée
Laissait s’échapper une pâle lueur, comme un soupir d’espoir,
Elle se pencha, en substitute d’un regard troublé,
Et y vit, dans le glissement des ombres qui semblent choir,
L’image d’elle-même, éphémère et fugitivement claire,
Comme un reflet dans l’eau trouble d’une fontaine abandonnée,
Ce double spectral, humble et austère,
Semblait lui parler d’un destin déjà scellé, d’une histoire condamnée.
« Regardez! » s’exclama un murmure, de sa propre voix,
Qu’il était en proie à l’illusion d’un destin multiple,
« Qu’étais-je jadis l’étoile, l’envol d’un rêve en émoi?
Devrai-je donc rester perdue, dans un tourbillon inutile? »
Ainsi la voix, aussi incertaine que le clapotis de l’eau,
Dialoguait avec ses pensées, entre ombre et clarté,
Elle, en quête d’elle-même, cherchait le chemin, l’écho,
De ce qui, jadis, avait su sa vie irradier de beauté.
Au fil de son errance dans ce corridor enchanté,
Chaque pierre, se muant en miroir des âmes égarées,
Réécrivait l’histoire d’un être aux rêves tourmentés,
Dont le destin se faisait entrelacs de contradictions mêlées.
Là, dans la pénombre des siècles effacés par le temps,
Elle s’attacha aux réminiscences, aux lueurs qui s’enfuyaient;
La nostalgie de jours heureux, sombre et bouleversant,
Où l’écho d’un rire sincère portait l’espoir, la magie.
Mais les reflets, implacables, dévoilaient une vérité cruelle:
L’âme, en ses multiples éclats, ne pouvait se retrouver,
Quant aux fragments d’un passé irréparable, mortel,
Que le miroir antique offrait en un triste baiser.
Entre les arches de pierre et l’ombre d’un souvenir,
Elle contempla le ballet des reflets, métaphore de son être,
Chaque image, chaque effluve, se mit à lui nuire,
Rappelant en silence ce que nul ne peut admettre.
« Ai-je donc erré, pauvre âme, dans le labyrinthe du destin,
En quête d’un sens, d’un chemin pur, d’une vérité enfouie?
Ou suis-je condamnée à me mirer dans ce reflet chagrin,
Témoin muet d’une humilité aux douleurs infinies? »
Ce questionnement intérieur, tel un requiem d’un passé si tendre,
L’absorbait dans une spirale, où la quête se changeait en errance,
Et chaque reflet de pierre, de verre, dans l’ombre à fendre
La rappelait à l’immuable solitude de son âme en transe.
Plus pénétrante fut la nuit qui fondait sur le corridor,
Comme la tristesse d’un séjour sans retour,
Et Personne, assise sur le seuil d’un vieux seuil de pierre,
Écoutait en silence, le chant de la destinée amère.
« Dans les reflets de mon âme, je vois la vie s’enfuir,
Les éclats d’un bonheur fuyant, d’un espoir qui se meurt,
Ne reste-t-il que l’ombre d’un rêve, d’un souvenir à retenir,
Que l’isolement incarne en ce corridor empli de douleur? »
Ses mots s’échappèrent, incertains, dans le souffle de la nuit,
Portant l’amertume d’un destin qui n’offre que tristesse infinie,
Et dans la froideur de l’espace, nul écho ne vint la rassurer,
Laissant son cœur s’enfoncer, dans un abîme de mélancolie.
La solitude devint alors son seul et constant compagnon,
Dans un ballet silencieux, où les murs murmuraient son nom,
Les reflets de l’âme, témoins impitoyables de sa quête errante,
Tissaient la trame d’un récit funeste, d’une existence vacillante.
Chaque pas dans le corridor, enveloppé de brumes d’autrefois,
La menait vers une conclusion où la joie se faisait oubliée,
Et dans les ombres persistantes, le doux souvenir d’un émoi
Se transformait en un torrent de larmes, en une tristesse insensée.
Une dernière halte sur le seuil d’un paravent antique,
Elle s’arrêta, le regard empreint d’un désespoir insondable,
Observant en silence, l’image de sa vie, en un écho lyrique,
Comme autant de voiles légères portées par des vents inévitables.
« Ô mon image, dis-moi, quelle issue peut sceller ma destinée?
Serait-ce en une ultime fusion avec l’ombre et le silence,
Ou bien devrais-je, en vain, tenter de briser ma réalité,
Pour retrouver en mon cœur un ultime murmure d’espérance? »
Mais dans le reflet vacillant, la réponse semblait se dérober,
Comme un mirage doré dans l’obscurité, inaccessible et factice,
Tandis que la voix, intérieure, se noyait dans le fracas
D’un destin implacable, scellé par le temps et son supplice.
Ainsi, Personne avancait, guidée par une quête infinie,
Avec pour compagne la nostalgie, et pour guide l’amertume,
Ses pas, lourds de tristesse, sur le vieux carrelage de la vie,
Résonnaient comme une complainte, un requiem sous l’écume.
Le corridor antique, ce miroir de l’âme et de la destinée,
Offrait en ses reflets la vision cruelle d’une vérité inéluctable:
La quête d’une identité se perd dans l’ombre d’un passé oublié,
Et l’espoir, comme un papillon de nuit, demeure éternellement instable.
Encore et encore, elle se voyait, dans mille éclats d’un être fragmenté,
Les reflets se dispersant, se heurtant aux murs de l’oubli,
Jusqu’à ce que dans un ultime soupir, l’ombre se soit consumée,
Absorbant la lumière éclatée d’un rêve désormais fini.
Les dernières lueurs du couloir, tel un adieu silencieux,
Embrassaient la scène d’un crépuscule d’autant plus cruel;
Les murs, témoins impassibles des élans de ses bleus,
Enregistraient chaque larme, chaque soupir, chaque duel.
« Ô corridor des mémoires, ô miroir aux reflets d’antan,
Qui me renvoies sans cesse l’image d’un passé si fragile,
Saurais-je, dans ce dédale, retrouver l’éclat vacillant
D’un espoir oublié, d’un bonheur éphémère et futile? »
Ses mots s’évanouissaient dans le souffle d’un vent sans retour,
Laissant place à une mélancolie infinie, à un silence obscure,
Où le temps, en un geste fatal, scellait son propre discours,
Sans laisser à l’âme l’écho d’un avenir moins lourd de blessures.
Dans ce décor figé, Personne, perdue dans ses réflexions,
Vit défiler devant elle des images d’un temps qui s’enfuit,
Chaque page silencieuse du passé, pleine d’émotions,
Vint hanter son esprit, comme les ombres d’un soir qui s’ensuit.
La métaphore des reflets, en écho scintillant dans l’obscurité,
Lui susurrait que la vie est souvent un ensemble de fragments dispersés,
Où l’âme se trouve perdue, en quête d’une ultime clarté,
Mais n’y trouve que l’ombre froide d’un destin condamné et glacé.
« Ne serait-ce qu’un instant, une lueur à saisir dans l’infinie nuit,
Une étincelle d’espoir pour éclairer mon âme en perdition?
Mais le temps, implacable, refuse de laisser à l’ombre son fruit,
Et ainsi je m’égare, sans repères, dans cette vaste perdition. »
Sa voix, douce et brisée, se fit l’avis d’un monologue sincère,
Troublée par le faste des ans et la lenteur de l’oubli,
Tandis que les murs, porteurs d’une histoire austère,
Lui offraient en leur reflet la vision d’un avenir compromis.
Alors que la nuit touchait à sa fin, dans une ultime confession,
Personne s’arrêta, accoudée à un mur de marbre usé,
Et dans le creux de son regard, mêlé de désolation,
Se lisait l’histoire d’une âme en quête de sa vérité.
« Je suis cette ombre errante, ce rêve en suspens,
Ce reflet brisé dans l’acier froid d’un passé qui m’accable,
Et je demeure, à jamais, dans cet entrelacs de tourments,
Espérant ardemment que quelque enchantement me sauve. »
Mais le murmure du destin ne répondait plus qu’en soupirs,
Les couloirs se faisaient écho de ses cris, de ses lamentations,
Tandis que, dans l’agonie lente et cruelle du souvenir,
La flamme vacillante de son être se perdait sans rédemption.
La fin de ce sinistre voyage, teinté d’un désespoir absolu,
Se mua en une apothéose triste, dans un dernier acte fatal;
Le miroir antique, jadis porteur des éclats d’un rêve incongru,
Se mua en sépulcre des espoirs, en un glas inévitable.
Et Personne, à bout de force, laissa choir son regard
Sur l’immensité silencieuse d’un couloir désormais vide,
Où nul écho ne venait rattraper son destin hagard,
Et où la quête d’elle-même se dissolvait, introuvable, timide.
Dans un ultime soupir, elle prononça, avec l’amertume des adieux,
« Tout est ombre, tout est passé, et point de lumière ne viendra,
Mêlée aux reflets funestes de mon âme tissée de regrets tortueux,
Se trouve l’ultime fin d’un chemin aux illusions épuisées là. »
Ainsi, dans la solitude glacée de ce couloir antique et sans espoir,
L’âme en errance, perdue aux confins d’un rêve devenu nécropole,
S’éteignit doucement, consumée par un douloureux désespoir,
Telle une chandelle vacillante, dans l’obscurité qui se déploie, folle.
Les murs, témoins muets d’un destin scellé aux reflets amers,
Restèrent indifférents, gardiens d’un silence impénétrable,
Accueillant le triste adieu d’une vie aux accents de pierre,
Qui, à jamais, se noya dans l’écho d’un passé inéluctable.
Et dans le miroir brisé, seul subsistait le reflet enfin final,
D’un être qui, en quête d’elle-même, avait perdu tout idéal,
Laissant derrière elle l’empreinte d’un errant adieu
À l’âme perdue et meurtrie, hantée par un destin désolé.