La cave est moins fraîche, il semble,
Et calme comme une église ;
Au cadre cintré de la porte basse,
Le demi-sourire de
Septembre
Joue, triste et gai, dans la brise
A travers les feuilles qui tremblent ;
Le relent des cuves grise…
Au dehors, car la vigne est rousse,
Le lutinet sonne aux bondes ;
Et d’antiques ceps aux grappes douces
Tordent leurs bras fabuleux
Sous le poids des vendanges fécondes ;
Et la belle
Loire est bleue ;
Et les feuilles tournent, en ronde…
Quelle sera notre vendange,
A nous pour qui l’air est du vin ?
Nous, pour qui des vestiges d’anges
Firent tous les chemins divins ?
Où est la cave et la crypte
Pour y celer notre printemps,
Où l’ombre éternelle l’abrite
De l’aile des rêves chantants ?
Je ne sais mais je crois que la sève des âges
Qui chante au cellier des aïeux,
Que la voix des vieilles pages
Que tu tournes d’un doigt pieux,
Dans leur rêve haut et sage
Disaient notre rêve joyeux.
Je ne sais, mais l’Espoir m’a pris
De sa poigne vive et rude
Et mené, grave et surpris,
Au seuil de la certitude.
Et l’Amour riait sur le seuil
Et, cueillant une grappe au linteau,
Il m’a donné le baiser de l’accueil
Et me couvrit de son manteau.
Debout, près de toi, je songe
Que les heures vont et viennent,
Que ma gloire à moi, c’est mon songe,
Que ta gloire est d’être mienne ;
Mais pour qui sera donc l’ivresse
Quand tomberont au pressoir
Ta claire fleur de jeunesse
Et l’orgueil de mon espoir ?
Qui dira l’heure attardée,
Et la lune dans le verger ?
Je t’ai si longtemps regardée,
Je ne sais si tes yeux ont changé…