L’ombre s’invite au seuil de l’alcôve voilée,
Où règne un clair-obscur aux reflets de velours ;
La nuit tisse sa toile, intime et constellée,
Pour abriter l’éclat de nos tendres amours.
Ta main, tel un soupir, sur ma nuque se pose,
Éveillant le frisson d’un mystère charnel.
Ton souffle sur ma peau vaut la plus belle rose,
Et le temps suspendu devient éternel.
C’est un langage pur que la chair devine,
Une ivresse sacrée au bord du précipice ;
J’entends battre ton cœur, écho de ma poitrine,
Quand le parfum des corps tisse un subtil délice.
Tes yeux plongent aux miens pour y boire l’ivresse,
Sans qu’un mot ne ternisse cet instant de grâce.
Dans ce lent vertige où l’âme se redresse,
Le désir est un art que rien ne remplace.
Nous sommes deux captifs de cette douce fièvre,
Voyageurs immobiles aux confins du plaisir ;
Et l’univers entier tient au bord de tes lèvres,
Quand la peau se fait temple pour mieux nous saisir.

