L’Ombre des Souvenirs
Là où les pierres usées murmurent les secrets d’antan,
Errant, âme esseulée, chemine sans relâche,
En quête d’un abri, d’un refuge contre le vent.
Il parcourt les avenues désertes à l’heure où le jour se meurt,
Sous un ciel chargé d’un triste présage,
Ombre parmi les ombres, égaré, en quête de sa lueur,
Ses pas s’accordant aux battements d’un cœur en naufrage.
Errant, tel un spectre en exil, son regard perdu dans l’horizon,
Cherchant en vain la trace d’un passé évanoui;
Chacun de ses pas résonne d’un vide, d’une étrange raison,
Confrontation intime avec le néant qui le séduit.
Dans un vieux café aux murs imprégnés d’histoire,
Lumières tamisées sur le bois patiné,
Il s’assoit, seul compagnon de son errance notoire,
Un verre à la main, silence de l’âme ensorcelé.
« Pourquoi, murmure-t-il, mon cœur se brise-t-il en silence ? »
Question adressée aux échos d’un passé flou,
Son regard se perd dans le vide immense,
Tel un funambule sur le fil, entre ombre et clou.
Là, dans le tumulte muet de pensées inavouées,
Les souvenirs resurgissent, tel un mirage brûlant,
D’une enfance oubliée, d’un amour jadis rêvé,
Effleurant son âme fragile d’un vague enchantement.
Le pavé sous ses pieds se rit du destin,
Chacune de ses pierres porte la marque d’un temps révolu,
Où l’espoir se mêlait aux éclats du matin,
Avant que les ombres de la vie ne le réduisent nu.
Au détour d’une place abandonnée, aux bancs délabrés,
Une vieille fontaine murmure des légendes d’autrefois,
Réminiscence d’un instant, d’un rêve inachevé,
Effaçant, par sa mélodie, les douleurs d’un émoi.
« Suis-je ce vagabond, condamné à marcher seul,
Dans l’immensité d’un monde aux visages éteints ? »
Se questionne-t-il en solitaire, sous un ciel qui se fait creux,
Cherchant en lui-même la clé de ses desseins.
Les réverbères, tels des sentinelles d’un temps disparu,
Offrent une pâle lumière sur sa route torturée,
Symboles d’un destin incertain et inconnu,
Marquant chaque pas, chaque errance effacée.
De vieilles bâtisses, témoins d’un autre âge,
Dévoilent en silence les strates d’une quête intérieure,
Où chaque pierre, chaque coin, chaque visage
Raconte la lutte quotidienne contre une ombre impure.
Alors que la nuit étend son voile sur la cité endormie,
Errant se trouve face à lui-même, miroir du désespoir,
Le cœur battant, articulant une douloureuse symphonie,
Du vide qui habite son âme, que nul ne peut voir.
Dans un parc désert, sous un saule pleureur,
Il s’assoit, contemplant les danseurs d’ombres et de lumière,
Les branches, telles des mains, effleurent son cœur,
Et le murmure du vent efface pour un instant ses misères.
« J’ai cherché l’abri dans un monde incertain,
Espérant y trouver la chaleur d’un foyer éteint,
Mais ne découvre-je qu’un écho, un écho lointain ? »
Son monologue intérieur se perd dans ce chemin.
Une voix discrète, venue d’un passant hésitant,
L’interrompt dans sa méditation sur le vide,
« Vous semblez chercher ce que la vie rend absent »
Dit-elle, d’un ton délicat, révélant une âme timide.
Le dialogue suspendu entre deux inconnus,
Brique fragile dans l’édifice d’une destinée incertaine,
Réveillant en Errant des espoirs autrefois perdus,
Tentant de panser la solitude, cette plaie qui le peine.
Ils évoquent alors, dans un langage empli de poésie,
Les marchés d’antan, les rires dans les ruelles oubliées,
Des instants fugitifs d’une vie en mélancolie,
Construisant un pont, fragile, au-dessus des pensées tourmentées.
Mais, malgré ces mots et ces instants partagés,
Errant sent l’appel insidieux du vide qui le happe,
Cet abîme intérieur où toutes les joie sont amassées,
Et la solitude se fait écho, noyant son cœur dans l’échappée.
Il se retire, le visage empreint de cette mélancolie,
Déambulant à nouveau dans les méandres d’une ville aux reflets d’or,
Où les pavés racontent des sagas dans une douce ironie,
Et la nuit dévoile des secrets que l’aube ignore encore.
Errant s’enfonce dans une ruelle où l’ombre se tait,
Le regard plongé dans le néant d’un passé inassouvi,
L’écho de ses pas résonne, témoin muet d’un être en retrait,
Cherchant en vain ce qui pourrait lui redonner vie.
Sous la voûte céleste, le destin se fait miroir,
Chaque étoile une lueur, chaque obscurité un mystère,
Et l’âme d’Errant, en proie à l’infini désespoir,
Affronte le vide immense, sans jamais trouver l’éclaireur.
Au détour d’un sentier, il découvre un jardin secret,
Vestige d’un temps où le verger en fleurs était évidence,
Où les roses chantaient des romances discrètes,
Offrant à l’errance une fugace réminiscence.
Assis sur un banc de pierre, baigné par la pâle lueur lunaire,
Il ferme les yeux, s’abandonnant aux murmures de la nuit,
Ses pensées voguent, fragiles, entre regret et lumière,
Confronté à l’abîme intérieur, tel un funambule en fuite.
« Est-ce que l’on peut vraiment se cacher de soi-même,
Quand le vide devient le reflet de nos peines ? »
Imagine-t-il, entre les battements de son cœur infâme,
Résonnant comme une plainte dans un silence qui le déchaîne.
Le bruissement du vent dans les feuilles semble répondre,
D’une voix douce, éphémère, celle de la destinée,
« Tu es le fils de l’écho, de l’ombre, de l’homme sombre,
Et l’abri que tu cherches réside dans l’immensité passagère. »
Ainsi, dans ce dialogue intérieur avec le murmure du soir,
L’errance devient quête, et la quête se fait art,
Chaque sentiment, chaque battement, chaque espoir,
Est la note fragile d’une symphonie au bord du départ.
Errant se souvient alors de ses premiers pas,
De sa quête d’identité mêlée à un doux vertige,
De l’enfant qui, sous l’azur, courait, libre et las,
Avant que le poids du monde ne lui impose sa grise ligue.
Alors, la ville, jadis vaste théâtre de ses rêves,
Se transforme en un écho des amours disparus,
Où l’architecture, dans un dernier souffle, s’élève,
Telle une allégorie des destins que l’on a vécus.
Sur le parvis d’un monument oublié, témoignant d’un autre temps,
Errant entend la voix d’un vieil homme, sage et austère,
« L’abri n’est point un lieu, mais le reflet de nos ressentiments, »
Dit-il, en regardant l’horizon, où l’aube semble éphémère.
Les paroles du sage résonnent dans l’âme d’Errant,
Fragile indice d’un chemin, d’une lueur dans la nuit,
Pourtant, l’ombre du vide reste omniprésente, éreintant,
Chaque pas, chaque souffle, dans sa quête infinie, sans répit.
Ainsi, la nuit s’étire et se pare de mille mélodies,
Errant avance, porteur d’un fardeau qu’il refuse de nommer,
Cherchant dans le reflet des vitrines, dans la douce clarté des alizés,
Une réponse à son errance, une étreinte à l’âme en sursis.
Le murmure de la ville, empreint de nostalgie, raconte
Des légendes de solitude, des amours aux contours du vent,
Des histoires d’hommes perdus, aux regards qui se confrontent
Au vide intérieur, aux ombres qui tissent des serments.
En marchant le long des quais, là où la rivière murmure
Des secrets d’antan aux pierres usées par le temps,
Errant s’interroge, entre doute et aventure,
Sur le sens ultime de cet abri toujours fuyant.
« Peut-être que l’abri est en chacun de nous, s’exclame-t-il alors,
Non pas dans un lieu tangible, mais dans l’étendue infinie de l’être,
Où le vide se transforme en écho, où l’âme se forge,
Dans la solitude, la véritable essence demeure et renaît. »
Dans cet instant de lucidité, alors que la brise caresse
Les restes d’un passé qui ne demande qu’à être revisité,
Il entrevoit un horizon nouveau, vague et en liesse,
Où l’errance se fond dans un tout, sans jamais se figer.
Les lampadaires s’allument un à un, semblables à des étoiles,
Traçant sur le bitume des parcours d’espoir incertain,
Et sur le chemin d’Errant se dessine une fresque vitale,
Un chemin mouvant, où l’avenir demeure un destin.
Pourtant, à l’instant précis où l’ombre et la lumière se mêlent,
Quand la ville dévoile entre ses ruelles un secret ineffable,
Un silence s’installe, lourd, profond, mais sans querelle,
Laissant Errant face à sa propre quête, énigme inaltérable.
Ainsi se poursuit le périple de cet homme en quête d’abri,
Où chaque coin d’ombre, chaque reflet, chaque réverbère muet
Évoque une symphonie de douleur, de joie, d’éclats enfouis,
Confrontant, à l’intérieur, le vide si grand, si complet.
Les voix du passé se font échos dans l’obscurité complice,
Tandis que l’avenir se dessine, encore incertain et ouvert,
Laissant à Errant le soin de poursuivre sa quête, propice
À l’espoir d’un renouveau, ou d’un abîme inévitable et désert.
Le chemin s’allonge devant lui, parsemé de doutes et d’émoi,
Les pierres du pavé, telles des témoins de ses batailles intérieures,
Lui rappellent que chaque pas, chaque cri, chaque choix
Est la marque indélébile d’une âme en perpétuelle quête, en quête de meilleure heure.
La ville, silencieuse et imprégnée d’une nostalgie palpable,
Semble accueillir ses errances, comme on accueille un rêve d’enfant,
Là où le passé se confond avec l’avenir, et l’âme inlassable
Se confronte à l’éternel vide, dans un instant suspendu, troublant.
Errant se tient alors, au bord d’un pont qui suspend le temps,
Sa silhouette se découpant en ombres chinoises contre l’azur pâle,
Et dans son regard, une lueur vacillante, presque vacillante,
Cherchant en chaque battement de cœur une réponse au malaise.
« Vais-je trouver, dans ce vaste labyrinthe de rues anciennes,
La clé de ma destinée, l’abri qui apaise ce vide immense ? »
Se demande-t-il à voix basse, ses mots se perdant dans les veines
De la ville, terrain de sa quête, théâtre d’une existence diffuse et intense.
Le pont semble l’inviter à plonger dans l’insondable cours
De ses souvenirs perdus, où chaque onde emporte une espérance,
Tandis qu’il se laisse porter, fragile, par son propre discours,
Espérant que ce voyage intérieur apporte un jour une délivrance.
Dans ce souffle de nuit, entre ombre et clarté des réverbères,
L’histoire d’Errant se lit comme une épopée d’errance et d’ivresse,
Un tableau de solitude, de mélancolie et de mystères,
Où la quête d’identité se mêle à la beauté d’une triste allégresse.
Et tandis que le brouillard s’épaissit et que le silence s’installe,
L’âme d’Errant, confrontée au vide, au tumulte incontrôlé,
S’éprend d’une force douce, d’un désir de briser la muraille
De son isolement, dans ce décor de pierre et de nuances insoupçonnées.
Au crépuscule, entre le dernier soupir du jour
Et l’émergence timide des astres dans le firmament,
Il laisse derrière lui une série d’instants d’amour
Pour la vie, pour le mystère de l’être, pour l’écho apaisant.
La cité, avec ses murs chargés d’ancestrales légendes,
Offre à Errant un moment suspendu, une pause dans l’infini,
Et dans ce carrefour d’obscurité et de rêves qui se répandent,
Sa quête d’abri se transforme en une route, un chemin inassouvi.
Errant s’éloigne alors, ses pas se fondant dans la nuit,
Guidé par ce fragile espoir qu’en chaque âme, l’abri sommeille,
Et laisse derrière lui la ville, le passé et les non-dits,
Pour mieux entamer le périple vers l’horizon, où sa quête s’éveille.
Le poème s’achève ici, sans véritable conclusion finale,
Car l’avenir d’Errant reste suspendu aux rives des possibles,
Une ouverture infinie, entre l’ombre et la lumière, magistrale,
Laissant à chacun le soin de deviner le dénouement indicible.