Quand l’orage grondant obscurcit ton ciel pur,
Et que l’aube se noie en un sombre brouillard,
Je serai ce rempart, ce solide mur,
Qui veille sur ton cœur et guette ton regard.
Tu n’as point à parler pour dire ta douleur,
Pose ta tête ici, sur mon âme sereine ;
Je prends tout le fardeau, je prends tout le malheur,
Comme un chêne géant protège sa plaine.
Je suis l’ancre de fer dans la mer déchaînée,
Le rocher immobile au milieu du torrent.
Laisse donc reposer ta force infortunée,
Je suis le bouclier contre le temps errant.
Tant que l’ombre s’étend sur tes jours fatigués,
Je garderai la flamme, ardent et vigilant ;
Mes bras sont le refuge où tes maux sont légués,
Un havre de repos, éternel et brûlant.

