L’Angelus des Sentes de Michel Abadie est une œuvre poétique captivante qui célèbre la beauté et la magie de la nature. Écrite au XXe siècle, cette poésie reflète une profonde sensibilité à l’égard du monde naturel et une quête spirituelle qui résonne encore aujourd’hui. Abadie, à travers ses vers lyriques, nous invite à plonger dans un univers où l’harmonie entre l’homme et la nature est mise en lumière.
√Ä St√©phane Servant. Ta bouche, aube de lait! baisant l‚Äô√©veil des trembles, Illuminait le front des promontoires bleus, Quand un faune laur√© de buis miraculeux, A dit aux sentes d‚Äôor o√π des narcisses tremblent: -¬´√î vous, luisant du sang des narcisses moroses, Vous qu‚Äôenivre la joie des dieux et des oiseaux, Et qui naissez comme Aphrodite, au bord des eaux Et qui, comme elle, vous couronnez d‚Äôhumbles roses! Vous dont l‚Äôherbe tressaille et dont j‚Äôai foul√© l‚Äôherbe, Les pieds ensanglant√©s de fleurs et de rayons, Vous avez √©veill√© mon enfance superbe Dans un chaste √©merveillement de papillons! Car en vous s‚Äôest ouverte, ainsi qu‚Äôen un doux temple, Mon √¢me et sa ferveur sauvage pour l‚Äôazur, Et vous parez de tout l‚Äô√©clat des rameaux amples Les colombes que vous offrez √Ý mes doigts purs. Vous suspendez des luths aux geni√®vres r√™vants Et vous tendez aux jeunes nids la chair des m√ªres L‚Äôamour d‚ÄôAtys vous berce et l‚Äôazur vous murmure L‚Äôhosanna des cieux clairs et des matins vivants!¬ª Et les sentes aux pas troublants, ont r√©pondu: -¬´Comme toi nous aimons les c√Æmes murmurantes. Nos bras m√©lodieux vers l‚Äôazur sont tendus Et nous livrons aux vents nos l√®vres d‚Äôamarantes. Des vols brillants de papillons y viennent boire L‚Äôodorante douceur des baisers rajeunis, Sur nos seins renaissants qu‚Äôune d√©esse moire Les s√©raphins en pleurs posent leurs luths b√©nis. La brise ouvre son √¢me aux herbes qui nous v√™tent, Un peu de ciel nous dore et les ch√™nes nous font Des arceaux de verdure heureuse o√π les fauvettes Piquent, comme des fleurs enflamm√©es, leurs nids blonds. Et nous chantons avec les nids qui nous adorent, Et nous faisons, aux lueurs douces de leurs cris, Scintiller, dans les coeurs humains, des voix d‚Äôaurore. Dans nos fleurs nous baignons les pieds nus d‚ÄôEucharis. Sanglant, sur nous, le ciel, tel un beau songe, tombe! Mais l‚Äôaube attendrissante enrubanne les houx Afin que les enfants foulent nos gazons roux Et que le bois embaume un printemps de colombes! Notre candeur s‚Äôombrage au temple des taillis. Sur nous, au gr√© des vents, grondent les feuilles glauques! Les rocs coiffent nos fronts de lumineuses loques Quand H√©cate nous tend le sombre lait des lys. Nous promenons l‚Äô√©moi des amants √©perdus Vers qui sonne le rire ardent des asphod√®les. Et parfois, pour eux seuls, √Ý nos yeux √©tincelle L‚Äôazur myst√©rieux des horizons perdus. Nous saluons d‚Äôencens, de roses et d‚Äôaccords La venue des pasteurs dont les pipeaux r√©sonnent, Car les troupeaux sacr√©s en passant abandonnent √Ä nos bras blancs de beaux flocons de laine d‚Äôor. Pr√®s de nous pour calmer quelque nymphe malade, Dans la for√™t profonde o√π flamboient des fruits m√ªrs Une cabane √©veille, au clair de son seuil s√ªr, Le bucolique √©cho des fl√ªtes de l‚ÄôHellade. Puis, √¥ charme! en allant de vall√©e en vall√©e, Parmi les m√©tairies et les froments divins, Nous tendons dans le soir aux Muses √©toil√©es Les myrtes des coteaux et les lys des ravins!¬ª Mais Ph√©bus, dont le char brillait comme un brasier, Leva ses triomphales torches! Et les sentes Qu‚Äôenla√ßaient les frissons du jour extasi√©, Reprirent, en riant, de leurs voix blanchissantes: -¬´Toi dont l‚Äô√¢tre rayonne au fond des roches creuses, Faune doux, qu‚Äô√Ý nourri notre voix -nous t‚Äôaimons! Tes pas s√®ment nos nuits de clart√©s t√©n√©breuses, Et tes chants ont l‚Äôampleur des gaves et des monts. Les soirs o√π des aveux priaient en toi, devant Le cort√®ge fuyant des faunesses surprises Nos √©clatantes mains ont essuy√© souvent Tes pleurs dont s‚Äôenchantait le chuchotis des brises! Nos flancs portent pour toi l‚Äôazur mouvant des pr√©s. Tu guettes, radieux et br√ªlant, les passantes Que le matin para de gr√¢ces innocentes, Car nous avons men√© tes pas au bois sacr√©. Les timides ramiers ont lui dans la clairi√®re. Regarde! entre les bras ondoyants des halliers, O√π tremble un bleu torrent de tumultueux lierres, Une nymphe, les mains aux cieux, t‚Äôa suppli√©. Un angelus de flamme √©claire la feuill√©e: Les foug√®res d‚Äôor vert se signent √Ý genoux, Et sur les romarins des rives r√©veill√©es, Des pri√®res d‚Äôamour palpitent! Laisse-nous. La vie monte d√©j√Ý, comme un fleuve, des plaines; Nous entendrons le flot des s√®ves √©clater, Puis aux hymnes retentissants des marjolaines, Nous conduirons les hommes doux vers la clart√©, Pour qu‚Äôen l‚Äôhymen des bl√©s et des chants salutaires La tremblante tribu des dieux et des semeurs Fasse jaillir sur eux du coeur vibrant des terres, La blanche √©toile pacifique du bonheur!¬ª
En fin de compte, ‘L’Angelus des Sentes’ nous pousse à réfléchir sur notre relation avec la nature et notre place dans l’univers. Explorez davantage l’œuvre de Michel Abadie pour découvrir d’autres trésors poétiques qui éveillent l’esprit et le cœur des lecteurs.