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L’Astronome
L’Astronome de Jean Anouilh est un poème ludique et touchant qui explore le contraste entre la rigueur de la science et la beauté de l’amour. Ecrit au 20ᵉ siècle, ce poème résonne encore aujourd’hui grâce à sa critique subtile des savants déconnectés de la réalité humaine, révélant comment les émotions peuvent transformer notre perception du monde.
Un astronome, un jour, par une erreur pointa Son télescope sur une plage. L’instrument mal réglé, d’abord il s’étonna Des planètes qu’il découvrait dans ces parages. « Quels sont ces mondes inconnus ? Quelles nouvelles galaxies ? Les uns sont blancs, les autres d’un brun soutenu. Mystères de la connaissance ! De quoi plonger dans la stupeur l’Académie Des Sciences… » Quand sa bonne, qui passait là, Prise à témoin par lui et l’œil à la lunette Pouffa — Car elle avait son franc parler — : « Monsieur est bête! Ce sont des derrières tout nus Que Monsieur prend pour des planètes. » L’astronome confus et lui gardant rancune La renvoya à ses balais et, sur la lune, Dont il était un spécialiste, Braqua, boudeur, son énorme instrument. Mais le soir, il lui fit sèchement Remarquer Que son soufflé était manqué. La bonne l’aimait bien. Elle le savait triste D’avoir vieilli tout seul l’œil rivé jour par jour, Sur le vieil astre sans amour. (Les bonnes des savants ont plus de cœur qu’on pense.) Sans retenir l’impertinence — Car son soufflé était bel et bien réussi — Le lendemain, en faisant le ménage, Elle se contenta de braquer sur la plage L’œil du télescope géant. (Il y avait belle lurette Qu’elle avait appris seule à manier les manettes, Pour surveiller de loin son trop volage amant, Les soirs où il faisait la fête.) Notre homme d’abord agacé D’avoir fait cette erreur encor, Se retrouva surpris le soir, ayant passé Le jour à contempler la grâce de ces corps Offerts dans leur mystère à son âme étonnée… Il y revint le lendemain pourtant. Puis le surlendemain encore, abandonnant (Lui dont le Russe même admirait les travaux) La lune à sa destinée… Vous ai-je dit qu’elle était jeune encor et bonne ? (Pas la lune, bien sûr, la bonne) Et charmante, avec des restes fort beaux ? Trois mois plus tard, il épousait cette personne… Toute science est si vaine et, pour ce qu’on en fait, Confort imbécile ou méfait, Que je rêve d’un monde où l’homme Ayant abandonné l’atome, N’aurait que son jardin et lui-même à soigner. Un monde où ces lunettes fabuleuses, Faites pour déchiffrer la nuit des nébuleuses, Ne serviraient plus qu’à lorgner Le derrière rond des baigneuses…
Ce poème nous rappelle que derrière chaque passionnée quête de connaissance se cache souvent un désir profond d’interconnexion humaine. N’hésitez pas à plonger dans d’autres œuvres de Jean Anouilh pour découvrir la richesse de son univers poétique.