Le froid a envahi le seuil de ma mémoire,
L’amour est un débris gisant sur le parvis.
Je contemple la nuit et son immense gloire,
Mais mon âme se tait, loin des jours asservis.
Il fallait que l’orage, en sa fureur divine,
Vienne briser les murs de mon tendre passé.
La douleur est un soc qui tranche et qui dessine
Le sillon d’un futur que l’on croyait glacé.
Car nulle aube ne naît sans la mort d’une étoile,
Et le cœur, tel le roc, s’affermit sous les coups.
L’hiver plie à la fin son lamentable voile,
Pour laisser le printemps fleurir à nos genoux.
Adieu, spectre chéri, ombre de mes défaites,
Je marche vers l’azur, apaisé, triomphant.
Les larmes ont séché, les paix sont satisfaites,
Et je renais au jour, radieux comme un enfant.

