Elle a maudit tes chants, Ãī lyre des amours !
Il faut quâun sacrifice apaise sa colÃĻre :
Tu dois pÃĐrir ; adieu, Lyre, adieu pour toujours !
ÂŦÂ Ã nymphes des coteaux, orÃĐades lÃĐgÃĻres,
Venez ; venez aussi, dÃĐitÃĐs des forÊts !
Apportez les parfums des plantes bocagÃĻres,
Quelques lauriers, un myrte, et de jeunes cyprÃĻs.
ÂŦ Les dieux aiment les fleurs qui parent la victime :
Couronne-toi de fleurs une derniÃĻre fois,
Lyre ! au suprÊme instant que ta voix se ranime ! Âŧ
Et la Lyre en ces mots fit entendre sa voix :
ÂŦ Toi que jâai consolÃĐ, songes-y bien ! dit-elle,
Les dieux, les justes dieux punissent les ingrats.
Lâamour vit peu dâinstants, la gloire est immortelle :
Quelque jour, mais en vain, tu me regretteras.
ÂŦ Ã tes doigts rÃĐpondaient mes cordes poÃĐtiques,
Je mâÃĐveillais pour toi dans le calme des nuits,
Jâaurais fait plus encor : sous les cyprÃĻs antiques
LâÃlÃĐgie en tes vers eÃŧt pleurÃĐ ses ennuis.
ÂŦ Vers les bords du MÃĐlÃĻs, pour toi du MÃĐonide
Jâeusse ÃĐtÃĐ recueillir quelque chant commencÃĐ,
Ou chercher à CÃĐos du touchant Simonide
Les nobles vers perdus dans la nuit du passÃĐ.
ÂŦ Jâouvrirais à tes pas la grotte accoutumÃĐe
OÃđ rÊvait ThÃĐocrite, oÃđ ses chants tous les soirs
Retentissaient, plus purs que lâhuile parfumÃĐe
Dont lâor, dans Sicyone, inonde les pressoirs.
ÂŦ Un jour, je sommeillais dans les bois dâAonie ;
La Muse me toucha dâun magique rameau,
Et dâun mode inconnu mâenseigna lâharmonie ;
Mais jâemporte avec moi ses secrets au tombeau. Âŧ
Elle a cessÃĐ. Les feux, quâallume le ZÃĐphire,
à travers les parfums emportent ses adieux ;
Et toutefois, dit-on, des cendres de la Lyre
Sâexhala jusquâau soir un son mÃĐlodieux.
Extrait de:
ÃlÃĐgies