A peine gardons-nous de tes amours dĂŠfunts,
Femme, ce que la fleur qui sur ton sein se fane
Y laisse d’âme et de parfums.
Ils n’ont, les plus beaux bras, que des chaĂŽnes d’argile,
Indolentes autour du col le plus aimĂŠ ;
Avant d’ĂŞtre rompu leur doux cercle fragile
Ne s’ĂŠtait pas mĂŞme fermĂŠ.
MĂŠlancolique nuit des chevelures sombres,
A quoi bon s’attarder dans ton enivrement,
Si, comme dans la mort, nul ne peut sous tes ombres
Se plonger ĂŠternellement ?
Narines qui gonflez vos ailes de colombe,
Avec les longs dĂŠdains d’une belle fiertĂŠ,
Pour la dernière fois, Ă l’odeur de la tombe,
Vous aurez dĂŠjĂ palpitĂŠ.
Lèvres, vivantes fleurs, nobles roses sanglantes,
Vous ĂŠpanouissant lorsque nous vous baisons,
Quelques feux de cristal en quelques nuits brĂťlantes
Sèchent vos brèves floraisons.
OĂš tend le vain effort de deux bouches unies ?
Le plus long des baisers trompe notre dessein ;
Et comment appuyer nos langueurs infinies
Sur la fragilitĂŠ d’un sein ?
Extrait de:
Les poèmes dorÊs (1873)