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Le Jardin de l’Effroi

Dans ce poème poignant, un soldat revient à son jardin d’enfance, un lieu autrefois rempli de rires et de fleurs, mais désormais marqué par les cicatrices de la guerre. À travers des images puissantes et des émotions profondes, le poème explore les thèmes de la perte, de la mémoire et de l’impossibilité de retrouver ce qui a été détruit.
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Le Jardin de l’Effroi

Le soldat, de sa main que la mitraille avait pâlie,
S’ouvrit un soir d’automne au sentier familier,
Où jadis s’égaraient, sous les branches fleuries,
Les rires d’un enfant aux lèvres de pêcher.
Son cœur, lourd de canons et de nuits sans étoiles,
Battait tel un tambour sourd au fond de son torse,
Tandis qu’il traversait les décombres du porche
Où veillaient deux griffons mangés par les orties.

Ô jardin ! Toi qui fus le temple aux matins calmes,
L’asile où s’enroulaient les parfums de tilleuls,
Tes rosiers décharnés tendaient vers lui leurs palmes,
Comme des suppliants devant un dieu vaincu.
Les bassins éventrés pleuraient leur onde absente,
Le lierre vorace étranglait les colonnes,
Et sur les marbres froids où dansaient les couronnes,
L’ortie impérieuse hissait son drapeau nu.

« Reconnais-tu ces murs où ton âme adolescente
Croyait lire en secret l’épopée des saisons ?
Vois comme les lilas ont perdu leur prestance,
Leur pourpre s’est fanée en de vagues poisons.
Là-bas, près du vieux puits qu’assiège la pervenche,
Tu cueillais pour ta sœur – ô douceur ! ô mensonge ! –
Des bouquets dont chaque fleur était un mensonge,
Car tu savais déjà que vivre est un frisson… »

Il parlait à son ombre étirée sur les dalles,
Evoquant les reflets d’un monde englouti.
Soudain, entre les ifs aux silhouettes de stèles,
Une voix – ou le vent ? – chanta dans la nuit :
« Frère, as-tu rapporté de la guerre cruelle
Ces rubans promis jadis à mes cheveux bruns ?
Ou bien ton sac ne porte, en guise de prunelle,
Que des éclats d’obus et des restes de huns ? »

L’homme tomba à genoux, fouillant sa musette
Où pourrissaient trois brins de lavande fanée.
« Louise ! Ô toi qui fis de ce jardin un rêve,
Vois comme les décombres ont souillé ton avenue !
Je voulais t’apporter les lis des batailles,
Mais la boue et le feu rongeaient chaque corolle…
Pardonne à ce soldat dont l’épaule s’effondre
De n’avoir conservé que l’horreur absolue. »

Alors, du fond des temps où dorment les spectres,
Une forme légère émergea lentement :
Robe d’un blanc de cendre, yeux creusés par les cierges,
C’était elle, et pourtant ce n’était plus vraiment.
« Pourquoi chercher ici nos matins diaphanes ?
Tu sais bien que la guerre est un vin sans ivresse
Qui transforme en vieillards les enfants aux mains frêles.
Regarde : nos lilas sont morts en t’attendant. »

Le soldat voulut prendre entre ses doigts tremblants
Cette ombre où persistait un parfum de réséda,
Mais ses paumes blessées ne serrèrent que du vent.
« Dis-moi, si tu le peux, ô ma chère ombre aimée,
Où donc est à présent le chemin des cerises ?
Ce sentier qui menait au pays des éclisses
Où nous inventions des mondes en riant ? »

L’apparition tendit vers le crépuscule
Un bras diaphane où scintillaient des ronces :
« Vois comme les fusains ont verdi les vestiges,
Comment les ronces ont dévoré les pervenches.
Ce que la guerre touche, homme au cœur déchiré,
Ne peut plus refleurir qu’en d’amères couronnes.
Ton jardin n’est plus qu’un champ de ruines mornes
Où gisent les débris de nos bonheurs passés. »

Il se releva, titubant sous les nuées
Qui déchiraient leur chair au couteau des clochers.
« Non ! Je reconstruirai ces allées défuntes,
Je forcerai la terre à vomir ses œillets !
J’arracherai ces herbes, ces vignes folles,
Et de mes propres mains, si tremblantes, si sales,
Je sculpterai pour toi des fontaines spectrales
Où danseront nos voix quand viendra le ballet ! »

Mais l’ombre déjà pâle au seuil des cytises
Secouait tristement ses cheveux de lumière :
« L’automne a recouvert nos traces éphémères,
Le lierre a scellé les livres de nos jeux.
Tu portes dans tes flancs un hiver sans issue :
Crois-tu que le soleil puisse encore reconnaître
L’enfant qui partit jadis sous les fenêtres
En jurant de rentrer avant les premiers feux ? »

Alors, il comprit que le temps est un piège
Dont les mâchoires d’or broient les souvenirs.
Ses yeux, deux océans où sombraient les nefs,
Cherchèrent en vain l’étoile du jasmin.
« Puisqu’il faut en finir avec ces leurres vaines,
Puisque même les morts refusent leur asile,
Je vais donc m’allonger sous ce figuber stérile
Et rendre à cette terre un soldat orphelin. »

Il défit son manteau troué par les mitrailles,
Posant près d’un laurier son casque éventré,
Et dans la vasque sèche où jadis l’eau chantait,
Il traça du poing fermé trois entailles.
« Sang des plaies anciennes, ô rougeur dernière,
Allez rejoindre ici les sources taries,
Et que ce jardin mort où mes espoirs expirent
Soit le linceul royal de ma misère fière. »

La nuit tomba, peuplant les buissons de murmures,
Tandis qu’au loin hurlait un train de marchandises.
L’aube le retrouva, corps raidi sous les ronces,
Les yeux grands ouverts sur des printemps imaginaires.
Entre ses doigts crispés, quelques brins de verveine
Mêlaient leur pâle éclat aux larmes du matin :
Ultime illusion, dernier leurre clandestin
D’un bonheur enterré dans les plis de la plaine.

Et le jardin secret, gardien des agonies,
Referma lentement ses portes de sureau,
Emportant dans les plis de son manteau d’orties
Ce soldat qui croyait retrouver son berceau.
Les fourmis dépecèrent ses rêves de jeunesse,
Le vent dispersa ses mots inachevés,
Tandis qu’au fond des cieux indifférents et lavés,
Un nuage traça l’adieu des forteresses.

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Le Jardin de l’Effroi nous rappelle que la guerre ne laisse pas seulement des cicatrices physiques, mais aussi des blessures émotionnelles profondes. Le soldat, en cherchant à retrouver son passé, découvre que certains paradis sont perdus à jamais. Ce poème nous invite à réfléchir sur la fragilité de la paix et sur l’importance de préserver les souvenirs, même lorsqu’ils sont douloureux.
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Auteur: Jean J. pour unpoeme.fr

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